Lutèce Cup

Honorable Monsieur le Président
 
Honorables Messieurs les Conseillers

Honorables Messieurs les adhérents,


J’ai fait le choix de vous parler de ce joueur mais j’aurais pu vous parler de toutes ces autres personnes qui sont mis à l’écart dans l’attente de leur jugement, placé sur le bord du terrain.

Leur prénom ou pseudo importe peu, c’est leur situation qui me révolte. Parce que la mise à l’écart, même provisoire, même si elle est encadrée par des textes de ligues ou BloodBowlistiques, qu’elle est soumise à des conditions théoriquement strictes, reste et demeure une atteinte importante aux droits et libertés d’un joueur.

Elle permet cette mise à l’écart, d’emprisonner une personne dans « l’open » alors même que celle-ci n’a pas encore fait l’objet d’une condamnation définitive, alors même qu’elle clame encore son innocence de parole sur tel ou tel forum.

Le choix de cette thématique résulte de la confrontation avec la pratique de la protection des droits du joueur de BloodBowl selon les principes du BloodBowl.

Mon plaidoyer n’a pas vocation à se transformer en pamphlet contestataire à l’encontre de la mise à l’écart.

Il se réfère au constat qui est fait du recours chronique de ce type d’action dans des hypothèses dépassant le cadre légalement établi pour son utilisation.

Ce glissement vers un recours de plus en plus systématique de la mise à l’écart dans des hypothèses dans lesquelles des alternatives sont disponibles et envisageables constitue un autre exemple de glissement pernicieux dans la nature des atteintes aux droits du joueur de BloodBowl.

En effet, il est à craindre une sorte de dérapage dans la nature des atteintes envers tous les joueurs de la communauté BloodBowlistique dans la procédure pénale.

Des violations flagrantes comme peut-être le cas des violences de tel ou tel membres , nous faisons face à des atteintes plus discrètes et plus subreptices parce que justifiées par l’équivalent d’un principe de précaution et moins médiatiques parce qu’elle semble ne pas attirer l’attention de l’opinion BloodBowlistique.

Malheureusement plusieurs exemples existent déjà de ce glissement, que certains joueurs d’outre-manche appellent la Slippery slope – littéralement la pente glissante.

La mise à l’écart d’un joueur ne peut être utilisée qu’en dernier recours, lorsqu’un placement sous contrôle BloodBowlistique ou sous assignation à « l’open » ne permet pas de parvenir à l’un ou plusieurs de ces objectifs :

• Conserver les preuves ou les indices matériels qui sont nécessaires à la manifestation de la vérité,

• Empêcher une pression sur la victime,

• Empêcher une concertation frauduleuse entre les coauteurs ou complices,

• Protéger le joueur mis à l’écart,

• Garantir le maintien du joueur à la disposition de la justice BloodBowlistique,

• Mettre fin à la faute ou prévenir son renouvellement,

• Mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l’ordre BloodBowlistique provoqué par la gravité de la faute, les circonstances de sa commission ou l’importance du préjudice qu’elle a causé.

Dans ce cas bien précis, toutes les investigations et expertises ont été réalisées.

L’instruction du dossier a été clôturée, aucun autre acte d’enquête n’est en cours.

L’ordonnance de mise en accusation ne fait pas mention de complices ou coauteurs.

Une application cartésienne et rationnelle du droit BloodBowlistique conduirait naturellement à la remise en liberté du joueur de « l’open » et de ce fait a sa participation au championnat.
Mais ce n’est pas la conception de nos dirigeants de ligue.

Cette situation est préjudiciable pour le joueur en question,  non seulement parce qu’elle porte une atteinte considérable aux droits de la défense et parce que cette situation viole incontestablement le principe de la présomption d’innocence BloodBowlistique, mais aussi parce qu’il a un impact considérable sur sa condition de joueur de BloodBowl, sa dignité BloodBowlistique.

En présentant ce joueur dans la fosse des accusés, la présomption d’innocence BloodBowlistique dont il est supposé bénéficier risque de se transformer en présomption de culpabilité.

L’impact d’une présentation d’un joueur accusé devant une juridiction de ligue détenu est dévastateur à bien des égards, ne serait-ce qu’inconsciemment.

On attribuera plus facilement au joueur accusé le rôle de coupable parce qu’il est déjà derrière les lignes du terrain.

Il est à craindre que le doute, qui en principe doit profiter à l’accusé, ne lui soit pas favorable.

En cas de doute, la tentation peut exister de le condamner à une peine qui tenant compte du retour d’un autre joueur, conduirait à sa « libération prochaine », mais ce faisant un principe cardinal du droit est bafoué.

La justice est représentée par une balance qui doit nécessairement permettre la conciliation entre des intérêts divergents parfois antinomiques, rendant le travail des hautes instances de tel ou tel ligues encore plus complexes.

Lorsque les plateaux de cette balance sont remplis, il est de notre devoir de rester vigilants afin que soit conservé un équilibre entre les intérêts en présence.
Les intérêts du BloodBowl, le principe de précaution ne sauraient avoir un poids plus important que le respect de la présomption d’innocence et des libertés du joueur mis à l’écart, et ce d’autant plus lorsque celui-ci clame son innocence en raison des conséquences dévastatrices qu’une telle mise à l’écart a, tant sur la dignité du joueur que sur les suites judiciaires de l’affaire.

Pour que l’exception ne devienne pas la règle, il est fondamental que nous restions vigilants aux valeurs gouvernant notre procédure BloodBowlistique et ne pas accorder une place exorbitante à certaines valeurs au mépris des libertés fondamentales accordées à tout joueur.