Nabolo
Quel match mes amis quel match !!!
Il opposait deux GEANTS de la Lutececup : d’un côté Azzroag, ancien triple champion blabla (j’en passe et des meilleurs) et de l’autre (et donc face à lui) Nabolo, double champion (officieux) des deux dernières éditions. L’ancien monde contre le nouveau ; le passé contre l’avenir ; la vieillesse contre la jeunesse ; la sénilité contre la tonicité et je pourrai aller plus loin mais l’antagonisme de ces deux coachs se répandait de lui-même (à plus ou moins grandes enjambées) sur le terrain : une formation classique de morts face à une composition originale de vivants.
Cerise sur le gâteau : Azzroag quittait les vestiaires en se plaignant des nouvelles règles ; Nabolo, le coeur battant, écoutait sans mot dire les critiques de son aîné en songeant qu’il avait enfin lu (presque toutes) les règles du jeu et qu’il les trouvait très bien. C’est vous dire si, aujourd’hui, 3 septembre 2021, l’avenir affrontait le passé.
Les Morts choisissent de recevoir le ballon, ce qui est une très mauvaise idée d’après leur coach, qui la met pourtant en application. Les Maraboes se positionnent sur le terrain avec une part d’appréhension, une autre de motivation extrême. Qui n’a pas lu les pronostics de Duda ? Ce mauvais Nostradamus à belle plume n’a vraisemblablement rien compris au génie du double champion (officieux), et Nabolo est embrasé à l’idée de le faire mentir. Pour autant, Azzroag, est une légende. Il impressionne. Et nul doute que le public, venu en masse, a parié sur sa victoire… Le match est même plié d’avance d’après certains pronostics, alors autant en finir, et vite ! Quelques bouteilles de Budweiser dans sa gueule convainquent l’arbitre de retourner son sablier : la première mi-temps sera courte.
Les deux équipes se font face. Les Maraboes de Nabolo font preuve de la solidarité sans faille qui les caractérise : ils tiennent le milieu de terrain face aux All Blocks qui hésitent quant à la marche à suivre, l’aile sur laquelle attaquer. Un joueur se distingue néanmoins dès les premières phases de jeux : Azzroag !!! Le coach squelettique (lui-même !) compte parmi les onze joueurs déployés sur le terrain !!! Et clairement, il encaisse aussi bien qu’il plaque. Pour autant les Maraboes tiennent bon, menacent un peu, esquivent beaucoup. Les placages sont peu nombreux mais précis. Une momie tombe, se relève… len… te… ment… et le compteur tourne. La défense des Maraboes est en légère infériorité numérique mais elle tient bon. Une tentative de passer sur son aile gauche est repoussée… et l’hymne du M.S.R.G. retentit dans le stade alors que l’équipe, abondamment giflée, mais droite sur ses guiboles, se rassemble pour dresser un mur infranchissable devant les All Blocks. Infranchissable ? Non. Les joueurs d’Azzroag ne sont pas dépourvus de solution, ce que le coach se permet de notifier à son adversaire, avec une assurance de professeur. Nabolo écoute. Mais demeure confiant en ses choix. Il est plus lent que le Maître, il voit moins de chose, il est moins précis, moins expérimenté, certes ! Mais à cette very seconde : ses joueurs se tiennent debout là où il voulaient qu’ils soient. Personne n’est blessé ou mort (si ce n’est : toute l’équipe adverse) et atteindre l’en-but des Maraboes requiert une transmission en plus d'un joli sprint … dépourvu d’obstacle. Les Ghoules adverses s’activent et… choient ! 0-0 à la fin de la première mi-temps. Et si la victoire était... une possibilité ?
La seconde mi-temps commence sur les chapeaux de roue : les Morts blitzent, les Maraboes subissent l’énorme pression. Ils parviennent néanmoins à se rassembler, l’agilité ne leur aura pas fait défaut tout au long de la partie !! Mais par où passer ?! Le rideau adverse, putride et glauque, semble couvrir l’entièreté du terrain... Il avance, les Maraboes reculent… Comment veux tu que… ? PAF ! Les baffes se font de plus en plus violentes. Une goule sort, suivi de deux trois-quarts. Pourtant, un espoir se dessine sur l’aile gauche : oui, il y a de la place pour passer, mais c’est risqué ! Au cri de « MA-RA-BOES ! », Justin Leenders, le Capitaine, emmène ses compagnons à l’attaque !!! Les Morts sont éparpillés ! Une goule sort, puis une autre, et un revenant est mis K-O à son tour ! Avec une précision chirurgicale, les Maraboes allient esquive, marquage et coups de boule pour se frayer un chemin tout en immobilisant l’équipe adverse !!! ET ILS PASSENT !!!!! De l’autre côté du rideau. L’en-but n’est pas loin… mais il n’est pas là. Une goule se démarque, plaque le porteur de balle avant d’être sortie… les Morts n’ont plus de coureurs à leur disposition, mais l’attaque est stoppée ! Pourtant la maladresse des All Blocks ne leur permet pas de tirer avantage de la situation, et l’attaque se prépare à repartir… Hélas le ballon échappe des mains du receveur Arian Nijborg. Il atterrit dans des gradins occupés par un public très excité, et vraisemblablement acquis à la cause des Morts (suite aux torchons de troubadours incompétents) : puisqu’il renvoie le ballon au centre du terrain, là où Azzroag, le coach squelettique, peut facilement le récupérer ! Le public retient son souffle… Ses doigts crochus étreignent la balle… mais la laissent échapper !!!! Avant qu’il ne la rattrape d’un inattendu coup de rotule au moment où elle allait toucher le sol : lui qui comptaient ses os en tremblant la minute d’avant, sûr de la défaite, envisage à présent le match nul !
Il va faire pire : sprintant comme on a rarement vu squelette sprinter, il emmène la balle de l’autre côté du terrain où Edje Oordt, dernier espoir de la défense humaine, ne parvient pas à se démarquer pour empêcher l’odieuse prédiction de se réaliser : 1-0 pour les All Blocks, le passé l’emporte ce soir encore.
En dépit de nombreux K-O, la partie ne compte qu’un seul blessé, Gabriël Keijmis qui retrouvera l’équipe des Maraboes après le match prochain. La présence de plus d'une dizaine de milliers de spectateurs garantit aux deux équipes de bonnes recettes même si, hélas, certains d’entre eux – et des plus passionnés – ont décidé de retirer leur soutien à l’équipe des Maraboes, qui n’a pourtant pas démérité.
Malgré l’amertume de la défaite, alors que la victoire était si proche. Nabolo accueille ses joueurs aux vestiaires d’une tape sur les fesses. Premièrement pour leur rappeler cékil patron. Deuxièmement pour leur donner la force de rester fier, même si ça fait mal au cul. Les Maraboes ont tenu : non seulement physiquement, ce qui était loin d’être une gageure, mais également tactiquement : ils ont contenu l’attaque adverse et réussi à déployer la leur. Si la balle n’avait pas échappé des mains d’Arian Nijborg, la victoire était leur. On ne blâmera pas trop le receveur, pour cet échec : la pression était énorme sur ce premier match et Azzroag est un grand champion. Certes, il y a un vainqueur et un vaincu, mais le sport était gagnant ce soir, et la budweiser a coulé en l’honneur de Nuffle et de ses hérauts. Azzroag, joueur du match - toutes équipes confondues - fut acclamé par le stade tout entier : dernier homme (mort) à quitter le stade, il a salué ses supporters d’un geste frénétique de la main – caractéristique qui semble devoir lui rester. On lui souhaite toute la réussite possible, tant son fair-play et son expérience inspirent de respect.
Quant à Nabolo il oubliera bientôt sa déception pour ne retenir qu’une seule chose : ce soir il a tenu tête à son modèle.
Le championnat ne fait que commencer, et tandis que le stade se vide petit à petit, et que les derniers meurtres se perpétuent dans les ruelles avoisinantes on entend encore, résonnant du vestiaire jusqu’aux plus hauts gradins – jusqu’aux étoiles ! - les chants paillards des Maraboes qui célèbrent l’amitié, le combat et le sport ! MA-RA-BOES !!!