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Lutèce Cup

Le Blood Bowl à la sauvage !!!

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#151 28-01-2019 00:18:37

SSB
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Re: ANNONCE

Je ne me suis pas trop étendu histoire de garder du mystère.

Ce peut être des humains chaotiques avec des dons du chaos.
De disciples de Tzeentch, des Serviteurs de Tzeentch...
Comme c'est du Tzeentch, on est dans : Le Maître du Changement, le Grand Conspirateur, le Maître du Hasard, l’Architecte du Destin, le Grand Instigateur, le Maître de la Magie, Celui Qui Murmure les Mots de Pouvoir...

« Je t’observe. Je discerne dans tes yeux la haine que dissimulent tes gestes précieux. Je t’écoute. Je connais la terrible noirceur qui se cache derrière tes habiles mensonges. Je t’attends à la frontière de la folie. Je savoure la souffrance de ton esprit, ton désir de résoudre cette énigme. C’est dans les plus sombres abîmes de ton âme que je me suis niché. Dans ces ténèbres, j’attends mon heure. J’attends patiemment le moment où tes yeux s’ouvriront et où tu réaliseras que c’est uniquement par ma volonté que tu respires. Car je suis Tzeentch, et toi, tu n’es qu’une marionnette qui danse au son de ma mélodie. »

Je me suis contenté de ça, mais on peut laisser pousser dans cette direction...

En tous cas, ça pue des fesses pour ma pomme... big_smile

Dernière modification par SSB (29-01-2019 14:28:19)


Si Dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse…

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#152 29-01-2019 09:34:39

Duda
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Re: ANNONCE

Les deux halflings perdus dans la forêt


La nuit était fort noire et la forêt très sombre.
Eggon à mes côtés me paraissait une ombre.
Nos chevaux galopaient. À la gloire de Sigmar !
Les nuages du ciel ressemblaient à des marbres.
Les étoiles fusaient dans les branches des arbres
Comme un vol de canards...

Je suis plein de regrets. Brisé par la souffrance,
L’esprit profond d’Eggon est vide d’espérance.
Je suis plein de regrets. Ô mes amis, dormez !
Or, tout en traversant ces solitudes vertes,
Eggon me dit : Je songe aux tombes entrouvertes !
Et je lui dis : Je pense aux tombeaux refermés !

Lui regarde en avant : je regarde en arrière.
Nos chevaux galopent à travers la clairière ;
Le vent nous apporte de lointaines prières ;
Il dit : Je songe à ceux que l’existence afflige,
À ceux qui sont, à ceux qui vivent. — Moi, lui dis-je,
Je pense à ceux qui ne sont que poussière !

Les fontaines chantent. Que disent leurs flots ?
Les chênes murmurent. Que murmurent leurs rameaux ?
Les buissons chuchotent comme d’anciens amis.
Eggon me dit : Jamais les vivants ne sommeillent.
En ce moment, des yeux pleurent, d’autres yeux veillent.
Et je lui dis : Hélas ! d’autres sont endormis !

Eggon reprend alors : Le malheur, c’est la vie.
Les morts ne souffrent plus. Ils sont heureux ! J’envie
Leur fosse où l’herbe pousse, où s’effeuillent les bois.
Car la nuit les caresse avec ses douces flammes ;
Car le ciel rayonnant calme toutes les âmes
Dans tous les tombeaux à la fois !

Et je lui dis : Tais-toi ! respect au noir mystère !
Les morts gisent couchés sous nos pieds dans la terre.
Les morts, ce sont les c½urs qui t’aimaient autrefois !
Marcelin ! Mirfu et Aldo !
Ne les attristons point par l’ironie, plutôt.
Comme à travers un rêve ils entendent nos voix.


Pourquoi les Nains ont la bière et les Elfes la magie ?
Parce que les Nains ont choisi en premier...

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#153 29-01-2019 09:49:46

Aardvark
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Yello Bbabbonz

Re: ANNONCE

bravo l'artiste!


Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide
Vieux proverbe carthaginois

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#154 31-01-2019 14:45:08

Laerthis
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Re: ANNONCE

Le Real Boitar toujours en feu cette saison, et qui n'a pour l'instant perdu que la moitié de ses matchs

Chapeau!

Dernière modification par Laerthis (31-01-2019 14:45:20)

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#155 31-01-2019 14:55:51

lepropre
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Re: ANNONCE

C'est ça de jouer des powers rosters


Je n'ai jamais vraiment perdu un match dans ma carrière, j'ai juste manqué de temps certaines fois.
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#156 31-01-2019 15:38:36

Duda
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Re: ANNONCE

Le CR pour bientôt wink

Franchement, je ne sais toujours pas comment j'ai fait. Y'avait une faille spatio-temporelle ou autre, parce que c'était assez hallucinant !


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#157 31-01-2019 15:45:46

Budmilka
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Dans la peau de Jérôme

Re: ANNONCE

T'inquiètes pas, y a des gens qui sont là pour te ramener à la dure réalité ^^


"L'important, c'est de passer l'armure." Pierre de Coubertin (sur une aggro à 7 soutiens)

"Je ne perd jamais : soit je gagne, soit je chatte." Nelson Mandela (joueur sylvain/skaven)

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#158 31-01-2019 15:47:10

Skarlan
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Re: ANNONCE

Duda a écrit:

Le CR pour bientôt wink

Franchement, je ne sais toujours pas comment j'ai fait. Y'avait une faille spatio-temporelle ou autre, parce que c'était assez hallucinant !

Il y a des failles temporelles à chacun de mes tours et ça m'empêche pas de perdre smile
bravo à toi!


"La chance c'est pour les débutants"
on n’a jamais que l’âge auquel on a commencé à jouer aux échecs, car après on cesse de vieillir" Raoul Capablanca

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#159 31-01-2019 17:22:39

Dritzz
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Re: ANNONCE

lollollol
GG wink


- Louper un plaquage, c'est comme enculer un collègue ... C'est moche !!!   Smiley 014
- Meilleur défenseur WC 2023 avec 2 TD d'encaissé !

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#160 31-01-2019 17:34:17

Aredhel
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Re: ANNONCE

c'est a premiere fois que pas mal de luteciens se disent :" jsuis content de pas tomber contre les halflings cette saison" big_smile


Le Genie (maléfique) de l'internationalement reconnue team "Les Experts Lutèce".

Sgt Taliesin : Après un match comme ça tu peux me tirer tout ce que tu veux mon grand mrgreen
vivement le tirage de la prochaine saison !!!!!

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#161 31-01-2019 17:37:22

lepropre
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Re: ANNONCE

J'en profite pour signaler aux 3 gars qui ont proposés d'augmenter le prix de leur cotisation et d'offrir une tournée aux membres du bureau que NON nous n'interdirons pas à Duda de jouer Halfling et non on ne truquera pas les tirages au  sort pour que vous ne tombiez jamais contre lui.


Je n'ai jamais vraiment perdu un match dans ma carrière, j'ai juste manqué de temps certaines fois.
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#162 31-01-2019 17:54:26

Duda
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Re: ANNONCE

Merci les gars mais on se calme, c'est juste un match nul.

Bon, c'est vrai, en face y'avait que des blodgeuses (ou presque) et j'ai qu'un seul block, mais bon, quand les blodgeuses jouent à 2 sur le terrain, c'est forcément plus difficile big_smile

Reste que mon équipe risque de faire POUF au match prochain. Sauf si j'ai un plan... wink

@Leprorpre : j'aime beaucoup ce que vous faites, Monsieur mrgreen

Dernière modification par Duda (31-01-2019 17:58:54)


Pourquoi les Nains ont la bière et les Elfes la magie ?
Parce que les Nains ont choisi en premier...

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#163 31-01-2019 17:58:31

Laerthis
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Re: ANNONCE

Ne minimise pas ton génie big_smile

DUDA PRESIDENT

(de l'Alliance Halfling Républicaine, t'inquiète pas Bud!)

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#164 31-01-2019 18:00:51

Aredhel
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Re: ANNONCE

Duda a écrit:

Merci les gars mais on se calme, c'est juste un match nul.

Bon, c'est vrai, en face y'avait que des blodgeuses (ou presque) et j'ai qu'un seul block, mais bon, quand les blodgeuses jouent à 2 sur le terrain, c'est forcément plus difficile big_smile

Reste que mon équipe risque de faire POUF au match prochain. Sauf si j'ai un plan... wink

@Leprorpre : j'aime beaucoup ce que vous faites, Monsieur mrgreen

faudra aussi que bosk arrete de chatter


Le Genie (maléfique) de l'internationalement reconnue team "Les Experts Lutèce".

Sgt Taliesin : Après un match comme ça tu peux me tirer tout ce que tu veux mon grand mrgreen
vivement le tirage de la prochaine saison !!!!!

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#165 31-01-2019 18:40:01

Azzroag
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Re: ANNONCE

lepropre a écrit:

J'en profite pour signaler aux 3 gars qui ont proposés d'augmenter le prix de leur cotisation et d'offrir une tournée aux membres du bureau que NON nous n'interdirons pas à Duda de jouer Halfling et non on ne truquera pas les tirages au  sort pour que vous ne tombiez jamais contre lui.

J adore smile


"Ecoute gamin, quand tu auras fait la teflon tu pourra revenir me causer de bloodbowl, retourne donc teter les seins de ta mere et va au lit, c'est bientot 20h.
Eddie : "Si Aredhel et le Sgt sont devant moi au classement à la date du LB, non seulement je joue en String mais avec en plus "Mamar Forever" écrit sur le boule..."

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#166 13-02-2019 10:41:17

Duda
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Re: ANNONCE

De retour !
J'y ai mis un peu de temps, alors pour me faire pardonner, j'vous offre une explosion de références (cultes, j'espère) wink

-    « Faut vraiment que j’fasse tout moi-même, bordel ! »
Tholot l’Ancien, 55e minute du match contre les Disney Parade


Le sexe soi-disant faible


Le vent frais du matin se faufilait inlassablement dans la salle commune par la porte grande ouverte de l’auberge du Crampon Doré, faisait vaciller les flammes des bougies disposées sur les tables et agitant les manteaux et vestes des convives. Une grande agitation avait lieu dans l’établissement, alors que celui-ci accueillait de nombreux visiteurs, badauds et curieux, venus prendre un verre ou tout simplement tuer le temps en ce jour maussade d’hiver lutécien. La plupart d’entre eux était toutefois présente pour une autre et bonne raison. Un panneau disposé à l’entrée du bâtiment affichait en effet en toutes lettres l’information suivante :

« Le Real Botar recrute !
Si vous voulez devenir une star
Si la gloire et l’honneur vous appellent
Si vous avez suffisamment de courage et de cran
Si la témérité vous caractérise
Si vous pensez vous en sortir sur un terrain
Si vous savez distinguer votre gauche de votre droite
Et si vous êtes un halfling
Alors tentez votre chance !
Rejoignez les rangs du célèbre, du mythique Real Boitar
Et faites partie de la Légende »


L’annonce était complétée, en tout bas de page et en toute petite écriture, par l’assertion selon laquelle le Real Boitar, tout comme la Lutèce Cup, se dédouanaient de toute responsabilité, pour quelque raison que ce soit, pour  tous dommages, coups et blessures et pour toutes violences de toute nature, que le potentiel candidat risquait de subir lors de sa participation au championnat, que ce soit à l’occasion d’un match, d’un entrainement, d’un évènement organisé ou de toute autre manière et ce pendant la durée du contrat d’engagement du joueur. 

Il va sans dire qu’une information sur le recrutement organisé par une équipe de la Ligue avait mis en émoi tout le quartier, voire la plus grande partie de la ville et que de nombreux prétendants halflings se précipitèrent à toutes enjambées que leur permettaient leurs petits pieds velus, au célèbre Crampon Doré afin de tenter leur chance. Naturellement, la presse spécialisée et quelques médias se sont également déplacés ou ont envoyé plusieurs de leurs reporters et grands reporters en quête d’insolite, d’interviews à chaud et d’anecdotes croustillantes.

L’effervescence régnait au sein de l’établissement, où s’était formée une longue file d’attente de semi-hommes nerveux et impatients. Une grande table était disposée près de l’entrée, derrière laquelle étaient assis un Lorel et un Séraphin agacés, emmitouflés dans d’épaisses vestes en laine. Ils étaient occupés à recueillir les inscriptions des prétendants, en les faisant remplir un formulaire de présentation basique, sur lequel toutefois de nombreux candidats éprouvaient des difficultés certaines.

-    C’est quoi que t’arrives pas à comprendre mon grand ? – s’emporta Lorel face à un halfling trapu, au visage bovin et grêlé, qui ouvrait d’incompréhension sa grande bouche baveuse. – Faut que tu mettes ton nom et prénom, y’a quoi de compliqué ?
-    Cé’k’ M’sieu, si on’a plusieu’ blas’, on met l’quel ? – l’interrogea ce dernier, les yeux ronds, manifestement perdu et quelque peu intimité de se retrouver en face des vedettes halfling.
-    Tu mets celui qu’tu veux, bonhomme. Qu’est ce qu’on en a à faire de comment tu veux qu’on t’nomme ! – se crispa Lorel. – Tu peux mettre Ducon si ça te chante, mais t’étonnes pas après qu’on t’appelle comme ça, si jamais t’es pris. Au suivant ! – conclut-il en élevant la voix, la mine maussade.

Une autre table était dressée au fond de la salle, présidée par un quatuor d’halflings qui constituaient le jury, chargé d’interroger les candidats, de les faire parler, de juger leur potentiel et de débattre de leur éventuelle possibilité de rejoindre les rangs du Real Boitar. Le célèbre capitaine Tholot dit l’Ancien, accompagné de son acolyte de toujours Eggon Vieuxmoulin, étaient entourés par deux autres anciens de l’équipe, en les personnes du rude et coriace Calben Drupoil et du malicieux et narquois Sherlock Vertecuillère. Sur la table devant eux était entreposé un amoncellement de plateaux de charcuteries et de formages divers, et de nombreux brocs, carafes et pichets occupaient les rares espaces vides laissés entre les assiettes. Les quatre amis se servaient allégrement dans les victuailles et les boissons, qu’une serveuse s’empressait de remplacer de manière quasi discontinue. Le jury discutait présentement avec un semi-homme à la posture avachie, au visage chevalin, aux yeux tristes et cernés et au crâne dégarni doté de quelques touffes de cheveux bouclés au niveau des tempes.
-    Bon alors mon gars, euh… Josef Sacrépied… - intervint Tholot calmement en jetant un regard circonspect à la fiche du candidat qu’il tenait dans la main. – Pourquoi penses-tu pouvoir intégrer le Real Boitar ?
-    C’est qu’euh… J’aime bien taper l’ballon ? – répondit l’individu sur un ton interrogatif, en grimaçant nerveusement et en jetant des regards incertains tout autour.
-    Et t’as déjà joué au Blood Bowl ? – lui demanda le capitaine. – T’as déjà fait un match, même entre halflings ?
-    Euh… Pas vraiment, non. Juste qu’avec mon frangin, on aimait bien s’lancer la balle quand on était petits… - indiqua le dénommé Josef en se tordant les mains.
-    Mais pourquoi t’es venu alors ? – s’étonna Tholot.
-    Ben… on m’avait dit qu’y’avait d’la bière gratos, alors…
-    D’accord, merci. – souffla Eggon en levant les yeux vers le plafond, manifestement désespéré. – C’est bien. On te rappellera. Au suivant !
Un semi-homme encore plus pitoyable que le précédent se présenta devant la tablée en enlevant la calotte rapiécée qu’il portait sur la tête et en s’inclinant gauchement. Il suait à grosses gouttes et son visage rubicond et veiné démontrait un penchant plus qu’abusif pour la picole en tout genre.
-    Alors on m’a dit qu’j’doive m’présenter à vous’aut’. C’est qu’j’me nomme comme qui dirait Raffi. Tout l’monde m’appelle Raffi l’Pied-bot. Ou alors l’Pochtron ou l’Estropié, si vous voyez c’d’quoi j’veux causer. – dit ce dernier en baissant les yeux et en pointant de l’index vers le sol.
Les quatre amis écarquillèrent les yeux médusés en constatant que l’individu qui se tenait devant eux marchait à l’aide d’une béquille en bois qui remplaçait l’une de ses jambes à partir du genou et que, autre détail scabreux, il manquait la main gauche au bonhomme.
-    Non mais attend’ ! – hurla Calben de sa voie éraillée. – T’fous pas d’not’ gueul’ un peu, l’ami ?
-    C’est qu’pourquoi qu’vous dites ça ? – s’étonna l’infirme.
-    T’as pas r’marqué ? T’manque une guibole, mon con ! – beugla de plus belle Calben en postillonnant par-dessus la table.
-    Et une main ! – renchérit Sherlock avec sagacité, les yeux plissés.
-    Ah ça oué, c’sûr ! – répondit le dénommé Raffi en hochant la tête avec assentiment. – J’les ai paumées à l’époque où j’trimais sous les ord’ du Baron de Lestac, voyez-vous. Il m’nait la guerre au Doc de Belmont. Sacrée empoignade qu’c’était, oh oué ! On en a fait du grabuge dans l’pays, les gars et moi ! J’servais dans l’régiment d’éclaireurs. L’problème c’est qu’l’Baron, il nous payait surtout en picole. D’la vinasse frelatée, mais on avait rien d’aut’. Les temps étaient durs, ça oui ! Bref, un soir on a trop picolé puis les éclaireurs d’en face nous sont tombés d’sus. Vous comprenez quoi. D’puis, j’ai c’te béquille à la con et un sacré goût pour l’rouge, ha ! – conclut-il enjoué, en gloussant d’une voix rocailleuse.
-    Mais on a rien à carrer d’tes histoires d’poivrot ! – brailla une nouvelle fois Calben.
-    Vous ne pouvez pas jouer à Blood Bowl, Raffi. – constata calmement Eggon. – Vous êtes… infirme.
-    Et alors ?! – s’emporta l’individu en levant haut sa main valide. – C’est parc’qu’il m’manque un bout d’jambe qu’vous dites ça ?!
-    Et un bras. – constata, de nouveau avec perspicacité certaine Sherlock.
-    Soyez sérieux l’ami ! – Eggon essaya de calmer la situation. Vous ne pouvez pas courir normalement, ni attraper un ballon, ni même lutter à armes égales contre nos adversaires. Vous ne pouvez pas le nier quand même.
-    Hé dites donc vous l’gamin ! – grogna l’infirme. – J’peux p’tet pas courir comme vous aut’, mais j’pourrais encore vous botter les fesses si l’envie m’prenait, doudiou’ !
-    Ah oué ? – siffla Calben en sautant par-dessus la table. – On va voir ça ! – Il se jeta sur le malheureux Raffi, qui, le regard stupéfait, vit fondre sur lui le vétéran du Real, lequel le bouscula et le jeta violemment au sol. – Allé, d’gage d’là vieux débris ! T’as pas à m’nacer mes pot’ !
L’individu avait visiblement du mal à se redresser et fut aidé en cela par un Calben devenu tout à coup plus calme, qui le souleva en le saisissant par l’arrière du col en époussetant le veston de celui-ci avec ses mains rugueuses.
-    Allé l’vioc’, t’fais pas l’poids. – constata-t-il amèrement. – Sans rancune, mais on a pas b’soin d’toi.
Raffi se libéra vivement des mains du joueur du Real Boitar, et gronda méchamment :
-    C’est d’la discrimination, ça ! C’est dégueulasse ! C’est comme ça qu’vous traitez un vétéran d’guerre !
-    C’est ça, c’est ça. – répondit Tholot consterné. – Merci, mais j’pense qu’on va devoir se passer de toi. Va boire une bière au comptoir plutôt. Allé, au suivant !
-    Bonjour Messieurs ! – tonna la voix puissante d’un halfling solidement bâti et richement vêtu qui se présentait devant les quatre membres du jury. Il sourit de manière franche et vive à ces derniers, leur lançant un regard avenant et pétillant de sous une cascade de boucles couleur miel. – Albert Duboudoir. De ces Duboudoir ! – conclut-il dans une courbette parfaite en soulignant l’apparente importance de son patronyme.
-    Desquels ? – demanda laconiquement un Sherlock interloqué.
-    Pardon ? – l’étranger se redressa en clignant des yeux, surpris. – Comment ça desquels ?
-    Desquels Duboudoir, quoi ? – précisa le joueur du Real en se curant les dents avec son ongle.
-    Bien de ceux-là, pardi ! – répondit l’halfling blond en haussant le ton. – Lesquels voulez-vous que ce soit.
-    J’en sais rien moi, j’disais ça comme ça. C’est toi qui es venu nous causer d’ta famille. – observa calmement Sherlock.
-    On s’en fout ! – le coupa Tholot. Ferme-là un peu Sherlock. Bon, Albert, ainsi tu veux rejoindre le Real Boitar ?
-    Ma foi oui, Monsieur ! – affirma avec vigueur l’halfling.
-    Et qu’est ce qui te fait dire que tu ferais l’affaire ? – l’interrogea immédiatement Eggon, une note de malice dans la voix.
-    Messieurs ! – le jeune candidat se campa solidement sur ses jambes et dans un geste théâtral déclama : - Je suis né pour le Blood Bowl ! Je pratique ce sport depuis tout jeune. J’ai fait mes classes dans les meilleures académies du pays, et écumé bon nombre de terrains verts. J’ai fait partie de la plus belle équipe universitaire halfelines ! Les Coqs Voraces de Bordeleaux ! J’en étais naturellement le capitaine et le meilleur marqueur durant trois années de suite ! Vous avez certainement dû entendre parler de nous. De moi ! Je me suis rendu célèbre en marquant quatre touchdowns durant la finale universitaire d’il y a deux ans ! C’était dans tous les journaux de la ville !
-    Ah oué ? T’as joué ‘vec des gamins quoi ! – constata avec agacement Calben.
-    Comment ça Monsieur ? – s’étonna une nouvelle fois le jeune Albert en clignant des yeux.
-    T’as joué à la baballe, hein. Avec tes copains d’la fac ! Hé, sacré numéro qu’on a là les gars ! – brailla le vétéran halfling. – Et dis moi, mon p’tit, c’étaient qui vos adversaires, hein ? Les connards d’en face, c’tait qui ?
-    Bien, Monsieur… - répondit le candidat un peu gêné et sur la défensive. – Nous jouions contre d’autres étudiants. Des adversaires venus des autres universités concurrentes.
-    Ha ! C’est ça ! Des fils à m’man. Des p’tits branleurs qui s’prenaient pour des stars. Dis moi gamin, t’as du attirer d’la gonzesse, hein ? D’la ptite étudiante en r’cherche du grand frisson ‘vec un m’chant garçon. T’as du fair’ mouiller d’la culott’, pas vrai ?
-    Non mais non mais, j’comprends pas… - s’étrangla le halfling blondinet en serrant son poing sur sa poitrine.
-    Tu t’prends pour un s’per joueur, hein ? Une star ? – beugla Calben avec vigueur. – Alors réponds à ma d’vinette. A quel’ vitess’ en moyenne vole un b’lon jete par un putain d’lanceur skaven ? T’sais ça ?
-    Non mais, c’est quoi cette question à la con, Calben ? – lui demanda Tholot étonné.
-    Laisse-moi faire l’Ancien. – riposta le rude halfling. – Alors gamin, quelle vitesse ?
-    Je n’en sais rien… On ne nous a pas appris ça… - essaya de se justifier Albert.
-    Quelle vitesse putain ! – hurla Calben en tapant du poing sur la table.
-    Euhhh, je sais pas… Sept yards la seconde peut être ? – répondit avec circonspection certaine le jeune halfling.
-    Ha ! Mauvaise réponse ! – sourit méchamment Calben. – C’tait un piège ! Tout l’mond’ sait qu’un lanceur skav’, ça lance j’mais la balle, cette sal’té d’pourriture-là ! On veut pas d’toi, gamin ! Allé, bouge d’la !
-    Qu’est ce qui te prend mon vieux ? – l’interrogea Eggon avec grand étonnement, alors que Albert, incrédule, faisait demi-tour et s’en allait en soupirant, la tête basse. – Il était bien ce petit, non ? Propre sur lui, calme, bien éduqué…
-    P’tit connard prétentieux oué ! – pouffa Calben dans une grimace. – J’m’ais pas son genr’. Nous fau’ du bonhomm’, du gars rude à la tâche, et pas un blanc’bec d’collégien à m’man !
-    Bon. – souffla Tholot désemparé. – On avait dit qu’il fallait qu’on soit tous d’accord sur le candidat. S’il plait pas à Calben, alors… Au suivant !
Le candidat suivant était un halfing assez âgé, à la barbe broussailleuse, aux joues gonflées et au nez aplati, qui mâchouillait bruyamment une saucisse dégoulinante de graisse. Il s’essuya négligemment ses mains sur son pourpoint crasseux et toussa en se présentant, répandant des bouts de charcuterie sur le sol.
-    Alors, moi, tel que vous m’voyez, j’me nomme…
-    Non pas toi. – l’interrompit tout à coup Sherlock.
-    De quoi ? – s’étrangla le candidat en recrachant un gros morceau de saucisse qu’il s’apprêtait à avaler.
-    Toi, tu dégages. – répondit Sherlock stoïquement en agitant sa main, faisant comprendre à l’halfling barbu qu’il devait s’en aller.
-    Qu’est ce qu’il y a encore ? – s’étonna Tholot en faisant les grands yeux à son compère. – Il s’est pas encore présenté, celui-là !
-    Et alors. Si Calben a l’droit de rembarrer des candidats, alors moi aussi ! – affirma avec vigueur Sherlock, sous les regards ébahis des trois autres membres du jury.
-    Non mais il a rien dit encore ! – voulut protester Eggon.
-    M’en fous. J’utilise mon droit d’véto ! J’y ai droit ! – clama l’halfling, imperturbable.
-    Puain, mais t’es con ! – hurla Tholot. – A ce rythme là, on trouvera personne avant notre prochain match. Tu fais chier, mec !
-    J’m’en fous. Calben peut dégager du candidat, alors moi aussi ! Et puis c’est tout ! – riposta en se refrognant son comparse, en regardant son capitaine par-dessus une assiette de fromages.
-    Je n’aurais jamais du t’faire entrer dans ce jury, merde. – affirma Tholot de manière véhémente. Et puis qu’est ce que t’as à me regarder comme ça ? Tu t’sens pas bien ou quoi ? – demande Tholot incrédule en jetant un regard exaspéré à Sherlock, lequel reluquait son camarade les yeux plissés, au travers d’une fourchette qu’il tenait devant son visage.
-    Ba quoi ? J’te regarde quand tu m’parles. – répondit immédiatement Sherlock sur un ton faussement offusqué.
-    Qu’est ce que tu fous avec cette satanée fourchette, merde ? – s’emporta le capitaine.
-    Bah, tu m’énerves. Et quand quelqu’un me met en rogne, je le regarde à travers une fourchette en m’imaginant qu’il est en prison. Ça m’apaise. – l’informa son compère de manière quelque peu solennelle.
-    Laisse tomber. T’es vraiment atteint, Sherlock. – conclut Tholot en tournant la tête de dépit. – Bon ! Au suivant !

La journée avançait à grand rythme, et les membres du jury, de plus en plus fatigués durent peu à peu constater avec effarement et dépit qu’ils auraient énormément du mal à trouver un candidat convenable qu’ils pourraient recruter, et ce d’autant plus qu’ils se faisaient un malin plaisir à refuser le moindre halfling qui paraissait, ne serait-ce qu’un court instant, plaire à l’un d’eux. Autant dire, l’ambiance autour de la table était délétère. Chacun regardait son voisin avec méfiance, lui coupait la parole ou lançait des invectives déplaisantes. Les quolibets et autres noms d’oiseaux volaient haut, alors que défilait devant les quatre vétérans une longue et désespérante procession de ce que la capitale attirait de pire. Poivrots, gueules cassées, simples d’esprit ou bouseux ordinaires, on eut dit que la lie de la société halfling venait se présenter ce jour à l’auberge du Crampon Doré pour présenter ses hommages au célèbre Real Boitar, à moins que ce ne soit l’alcool et le buffet offerts qui attirassent les intéressés…
-    L’en reste combien, Lorel ? – vociféra d’une voix enrouée Tholot en direction de son ami présent à la table des inscriptions, alors qu’un nouveau candidat se faisait rabrouer par les membres du jury à cause de ses dents gâtées et d’une verrue déplaisante en plein milieu de son visage.
-    M’en reste un seul les gars ! C’est fini, va falloir choisir parmi tous ceux qu’vous avez vu ! – répondit en beuglant son ami.
-    Mince, on est pas sortis de l’auberge alors. – constata avec effarement Eggon.
-    Tu l’as dit ! – abonda dans le même sens Sherlock.
-    Bon, allé zou, l’dernier. – soupira Tholot.
Se présenta alors devant le jury un halfling au physique banal, plutôt sec et à la posture légèrement désinvolte, au visage neutre et glabre, mais au teint frais et au regard vif et tonique. Une masse de bouclettes brunes ornait le sommet de son crâne, dont les côtés et l’arrière étaient rasés de près.
-    Salut la compagnie. Voilà, j’me présente, j’m’appelle Lupin. Lupin Grainsec. – se présenta l’individu d’une voix calme et posée.
-    S’lut mon gars ! – répondit avec force Calben. – T’es l’dernier, t’as intérêt à assurer !
-    Bien, Lupin, c’est ça ? – intervint Tholot rapidement, voulant visiblement terminer au plus vite avec la corvée des auditions. – Alors comme ça, t’as envie de jouer au Blood Bowl ?
-    Yep. Affirmatif. – répondit laconiquement l’intéressé.
-    Mais encore. Pourquoi penses-tu pouvoir être des nôtres ? – lui demanda Eggon.
-    Bah, vous avez l’air d’une sacrée bande de potes ! En plus, quelle aventure vous vivez ! Les matchs, les soirées, la presse, les filles ! Le star-système quoi ! Ça donne clairement envie ! – s’enthousiasma le dénommé Lupin. – Moi aussi, j’aimerais vivre ça !
-    D’accord, d’accord, mais tu sais jouer au Blood Bowl ? T’as déjà joué ? – l’interrogea Tholot en souriant.
-    Ba non. Pas du tout. – précisa le candidat en haussant les épaules.
-    Ah oué ? Et la bagarr’, t’aim’ çô la bagarr’ ? – le questionna Calben de manière sarcastique. – T’as pas l’dégain’ d’un cogneur toi !
-    Pas plus que ça en fait. – constata le jeune halfling.
-    Et courir alors ? – intervint de nouveau Tholot. – Tu cours vite peut-être.
-    J’sais pas. Non. J’dirais que comme tout le monde, quoi. – répondit pensivement Lupin.
-    Alors quoi ? T’es plutôt adroit alors ? Tu lances bien la balle, c’est ça ? – s’étonna Eggon.
-    Non plus, non. – précisa le candidat. – En fait, j’crois que j’ai jamais essayé.
-    Fait chier ! – souffla de dépit Calben en se passant la main sur le visage.
-    C’est pas possible, on y arrivera pas. – soupira Eggon avec consternation.
-    Ba alors, gamin ! – protesta vivement Tholot. - Si tu ne sais pas jouer, si tu n’cours pas vite, si tu t’bagarres pas et si tu n’sais même pas lancer un ballon, qu’est ce que t’as d’plus pour qu’on retienne ta candidature ?!
-    Ba, en fait, j’ai ça. – indiqua laconiquement Lupin. Puis, il défit sa ceinture et déboutonna sa braguette.
-    Bonne Mère de Dieu ! – s’étrangla Eggon en recrachant la bière qu’il venait d’avaler.
-    Oh putain ! – jura Sherlock les yeux exorbités.
-    Ça c’est d’la bêt’ d’concour’ ! – grimaça Calben en se tapant dans les mains.
-    Les gars ! – déclara sur un ton solennel Tholot. – J’crois qu’on l’a, notre recrue.

***

Le soir était tombé depuis plusieurs heures alors que deux humains accompagnés de deux halflings progressaient sans hâte, à dos de montures, au milieu d’une dense et ancienne forêt de pins, située à quelques miles de distance de la capitale. Le ciel nocturne était dégagé, et l’éclat des étoiles brillant puissamment sur la voute céleste ainsi que la lune, proche de sa plénitude, éclairaient plaisamment le sinueux chemin forestier qu’empruntaient les cavaliers. L’air frais de la nuit faisait s’élever du sol humide une brume épaisse, qui recouvrait de son linceul immaculé l’humus sylvestre et s’engouffrait parmi les fougères et les buissons de mûres, baignant les lieux dans une atmosphère envoûtante de mystère et de magie.
-    C’est encore loin c’te cahute ? – la voix perchée et plaintive d’un halfling brisa le silence contemplatif dans lequel les quatre individus étaient tombés.
-    Oh, tais-toi un peu Sherlock. – soupira son compère en levant les yeux au ciel. – Toujours à t’plaindre.
-    J’ai mal au cul. Ça fait des heures qu’on crapahute sur ces satanés canassons ! – protesta le halfling en faisant la moue. – Et puis pourquoi c’est moi qui m’tape cette corvée ? Pourquoi c’est pas Tholot ? C’est lui d’habitude qui s’coltine les virées !
-    Parce que Tholot surveille vote bande de minables. – intervint le coach avec virulence. – J’veux plus d’histoires comme la dernière fois, bande de poivrots dégénérés !
-    Mais elle peut pas habiter en ville c’te grognasse, aussi ? – renchérit sur le même ton plaintif le semi-homme. – Faut vraiment qu’on s’balade dans un trou paumé au fin fond d’une forêt à la con, pleine de tiques et de ronces ?
-    Non mais ! C’est une chamane et une druidesse ! – s’immisça le quatrième individu. Un vieil humain rachitique portant une bure verte délavée et un chapeau conique élimé. – Son domaine est la divino-mancie naturelle. C’est normal qu’elle habite dans une forêt !
-    Garde tes réflexions pour toi, l’vioc’. – répliqua sur un ton morose Sherlock. – On t’paye pas pour que tu l’ouvres. L’coach t’a demandé que tu nous organises un rendez-vous avec la dame, pas qu’tu t’la ramènes avec tes sarcasmes à la noix !
-    D’ailleurs, pourquoi faut qu’on voie c’te sorcière ? – la voix interloquée d’Eggon s’immisça dans la conversation.
-    Ce n’est pas une sorcière ! – aboya le mage qui les accompagnait.
-    Boucle-là Robert, toi aussi. Sérieusement, faut vraiment que je vous réexplique tout à chaque fois ? Vous avez la cervelle ramollie ou quoi ? – s’agaça Duda en se retournant vers le halfling poilu. -  C’est qui nos prochains adversaires ? Hein ?
-    Bah, des amazones si j’me rappelle bien. – répondit Eggon, hésitant.
-    Précisément des amazones. De la chienlit d’bonnes femmes rapides, agiles et adroites et qui cognent comme des nains. – affirma l’entraineur avec vigueur.
-    Pfff. Tu parles ! – s’esclaffa Eggon, sur un ton quelque peu sarcastique. – Des gonzesses. Les gonzesses, ça n’sait pas jouer au ballon.
-    Ah bon ? – répliqua Duda d’une voix agacée. – On doit jouer contre une équipe qui a lutté à armes égales avec des équipes d’orques ou d’hommes-lézards, qui a battu une team d’elfes noirs, que des équipes face auxquelles vous n’auriez pas tenu deux minutes sur le terrain, bande de mauviettes !
-    Et alors ? – le questionna Sherlock, étonné.
-    Et alors il nous faut un plan. – répondit l’entraineur avec irritation.
-    Oué ben, ça ne nous explique pas ce qu’on fout dans cette fichue forêt à crapahuter comme des idiots en pleine nuit, plutôt que de passer une bonne soirée avec les potes à la Dryade Frivole. – continua Sherlock.
-    Putain, parfois j’me demande vraiment pourquoi j’vous traine avec moi, les rase-mottes. – s’énerva le coach. – Notre prochain match, c’est contre des putains d’amazones. Et il s’avère que j’vous emmène, vous les vétérans de cette foutue équipe de simplets, voir une putain d’amazone.
-    De quoi ? J’croyais que c’était une sorcière ? – s’étonna une nouvelle fois Eggon.
-    Une chamane ! Une druidesse ! Pas une sorcière ! – glapit le mage. – Je serais vous, j’éviterais d’employer ces termes en sa présence. Elle est quelque peu… susceptible sur certains points.
-    Pfff. Satanées bonnes femmes. – Sherlock fit la moue en pouffant. – Et en quoi elle va nous aider ?
-    Tu verras le moment venu, gamin. – répondit rapidement l’entraineur. – Vos gueules maintenant. La Marrante a dû sentir quelque chose. J’crois qu’on arrive. – conclut-il alors que sa monture pouffait en remuant la tête d’haut en bas, visiblement inquiète.

Effectivement, au détour d’un virage, ils débouchèrent sur une petite clairière située en bas d’une colline dégagée, au sommet de laquelle, accrochée au flanc d’une falaise abrupte, était bâtie une grande chaumière en pierre meulière. Une douce lumière filtrait au travers des petites fenêtres à carreaux et de la fumée grise d’échappait par la cheminée de la bâtisse. Un discret chemin de terre battue, situé au milieu des hautes herbes de la clairière, menait jusqu’à la masure. Par-delà la falaise, l’éclat jaunâtre de la ville lointaine éclairait d’un halo doré le ciel nocturne et seuls quelques chants d’oiseaux et les hennissements des chevaux rompaient la quiétude des lieux. L’endroit eut pu paraitre idyllique si ce n’étaient les divers crânes plantés sur des bouts de piques, tas d’ossements ou colifichets morbides accrochés aux branchages des arbres, qui rendaient l’atmosphère quelque peu lugubre et glauque.

-    Hé bé. Charmant endroit. – remarqua ironiquement Eggon en avisant les babioles macabres éparpillées le long de la montée. – Si elle avait voulu faire fuir les clients, elle s’y serait pas pris autrement.
-    C’est clair. – confirma Sherlock. – Y’a pas à chier, au niveau marketing, on a vu mieux.
-    Vous ne comprenez rien à rien vous les jeunes. – les admonesta Robert. – Ce décorum, ça fait partie de la fonction. Il faut préserver les apparences, donner dans le mystique, l’inquiétant. Sinon…
-    Sinon le charme s’estompera. – le coupa Eggon, une note de sarcasme dans la voix. – Les gens vont comprendre qu’en réalité, vous êtes qu’une bande de charlatans et arrêteront d’raquer des fortunes pour vos tours de passe-passe minables. C’est ça ?
-    Moquez-vous. – répondit solennellement le vieux mage en faisant la moue. – On va voir si vous allez autant rigoler tout à l’heure face à elle.
-    Genre quoi ? Si on est méchants, elle va nous transformer en crottin de chèvre ou quoi ? – railla Sherlock.
-    Non. – intervint tout à coup le coach. – Et t’filera une telle torgnole que tu vas faire deux fois l’tour de ton cul avant d’avoir compris ce qui se passe, et tu diras « merci Madame » en bonus.
-    Oui, elle est… pas commode, c’est sûr. – observa pensivement Robert. – J’espère que vous avez amené le présent ? On ne vient pas déranger une dame la nuit sans amener un cadeau.
-    Ouaip. Je l’ai. – confirma Duda entre les dents. – J’suis pas crétin, non plus.
-    Quoi ? – s’offusqua Sherlock. – Déjà qu’on la paye plein pot, qu’on se déplace dans sa forêt toute pourrie, faut encore lui amener une offrande ? Non mais elle s’fout pas un peu d’notre gueule la bougresse ?
-    Ça suffit ! – l’interrompit sèchement Duda. – Sherlock, je t’ai déjà dit de la fermer, alors tu la boucles. Tu ne l’ouvres que si je t’autorise à le faire.
-    D’accord. – pesta l’intéressé en pouffant d’exaspération. – C’est toujours ma faute, c’est moi qui ramasse…
-    On y va maintenant. – conclut l’entraineur en talonnant les flancs de sa monture et en donnant un petit coup de rênes. – Allé la Marrante, courage, on y va ma vieille.

Ils avaient arrêté leurs montures près de l’abreuvoir situé sous un petit auvent dressé contre le mur de la chaumière. Le mage donnait aux chevaux quelques pommes alors que les deux halflings et leur coach avaient pris les devants, lorsque la porte d’entrée du bâtiment s’ouvrit, laissant échapper une bouffée de chaleur et faisant éclairer brièvement la nuit d’une lumière chaude d’un feu de cheminée. La maîtresse des lieux apparut dans l’ouverture et les deux halflings eurent tout à coup le souffle coupé. Ils furent pétrifiés, comme frappés par la foudre, les bouches pendantes et les yeux écarquillés devant la créature qui leur faisait face. De longs cheveux d’un noir de jais tombaient librement autour un visage jeune, aux proportions parfaites. De grands yeux sombres, surlignés par un léger maquillage au charbon, de hautes pommettes saillantes, un nez fin et droit et une bouche plantureuse, complétaient un physique svelte et tonique : de longues jambes graciles, une taille marquée, un ventre plat et musclé et une poitrine ferme. On eut dit que la plus belle des courtisanes du roi avait fui le palais royal pour se refugier en pleine forêt. Sauf qu’il ne s’agissait pas d’une courtisane, bien au contraire. Il s’agissait manifestement d’une sorcière de ce qu’il y a de plus sorcier. Sous un épais manteau de fourrures, jeté négligemment sur ses épaules, et décoré de multiples plumes de corbeau et autres ossements, elle portait une tenue très légère, affriolante même, composée d’une très courte juppette échancrée en peau de serpent, d’un corset décolleté en cuir s’arrêtant au-dessus du nombril, ainsi que de petites bottines en fourrure. Une amulette en dents d’ours entourait son cou de cygne, et ses bras étaient recouverts de bracelets enroulés d’or et d’argent aux motifs cabalistiques.

Elle s’appuya lascivement contre le chambranle, repliant une jambe sur l’autre, ce qui fit découvrir d’avantage sa cuisse musclée, et proclama de manière sensuelle et suave mais néanmoins avec une dose dangerosité et de malice dans la voix :
-     J’ai fait un bon feu. Vous ne voulez pas venir vous réchauffer près de mon feu ?
-    Euh… - Sherlock perdit de sa morgue et de son espièglerie traditionnelles, oubliant même son vocabulaire, d’habitude si fleuri.
-    B...b… bonsoir Madame. – réussit à balbutier maladroitement Eggon.
-    Elle ressemble pas vraiment à une sorcière… - observa tout bas Sherlock.
-    Ah bon ? – s’étonna le coach en murmurant. – Et ça doit ressembler à quoi une sorcière ?
-    Venez, entrez donc. – les invita la druidesse d’un geste lent et grâcieux, en écartant le rideau en toile qui protégeait l’ouverture du froid nocturne.
C’est à ce moment que Robert, ayant fini de nourrir et d’abreuver les montures, pointa le bout de son chapeau en sautillant gaiement.
-    Bonsoir Zamora ! – proclama-t-il d’un ton enjoué. – Je t’amène des invités, comme convenu !
La chamane eut un mouvement de recul et fronça les sourcils.
-    Ah, c’est toi. – constata-t-elle, refrognée. – J’pensais pas que tu serais de la compagnie, à vrai dire.
-    Bah, c’est qu’il a fallu leur montrer le chemin, à ces Messieurs d’la ville. – répondit le sorcier en dévoilant ses dents gâtées. – Tu sais, dans la forêt les nuits sont sombres et…
-    C’est bon, c’est bon, j’connais ta rengaine, vieillard. – l’interrompit la femme. – Bon, puisque tout le monde est là, entrez donc. – conclut-elle en s’écartant de la porte et en invitant les voyageurs à l’intérieur.
Robert prit les devants et sourit béatement à la sorcière en passant devant elle. Celle-ci détourna le regard, en révulsant les yeux, la mine blasée. Les deux halflings suivirent le vieil humain sur la pointe des pieds, incertains et perplexes, en observant les alentours sans oser regarder leur hôte. Duda fut le dernier à pénétrer dans la chaumière. Lorsqu’il passa devant Zamora, il lui tendit un bouquet de roses violettes, acquises le jour même au marché des fleurs de la capitale, selon les indications de Robert.
-    Mes hommages Madame. Permettez-moi d’vous offrir ces quelques fleurs. – dit l’entraineur en inclinant sèchement la tête.
Zamora le dévisagea intensément et répondit d’une voix lascive, empreinte d’une sensualité paroxysmique :
-    Bonsoir guerrier. Je vous en remercie. Vous savez comment plaire à une femme. Je pense que nous aurons beaucoup à nous dire vous et moi…

A l’intérieur de la cahute, la sorcière indiqua aux deux humains et aux halflings de s’asseoir sur un épais amoncellement de peaux de bêtes diverses et variées. Les invités constatèrent que la mansarde était décorée de manière rustique mais sobre. Un feu vif brûlait dans une immense cheminée, sur le linteau de laquelle étaient entreposés de nombreux bougeoirs allumés. Contre les murs en pierre nue se dressaient d’énormes étagères sur lesquelles étaient rangés, visiblement avec ordre et minutie, une multitude de livres, de pots, de bocaux ou autres pilons, tous remplis d’ingrédients plus étranges les uns que les autres. Une table massive occupait un coin de la pièce. Sur son plateau était posé un brasero allumé, sur lequel cuisait une marmite en fonte. Derrière la table de trouvait un fauteuil à l’apparence inquiétante, au dossier en peau usée, qui laissait apparaitre la face horriblement mutilée d’un humanoïde, et dont la traverse et les accoudoirs étaient décorés de crânes humains et animaux. Du plafond pendaient de nombreux colifichets faits d’os, de branchages et de plumes, ainsi qu’un bon nombre de bouquets de fleurs séchées.

La sorcière claqua violemment la porte, faisant sursauter ses convives, puis se rapprocha de la cheminée en les observant fixement. Puis, sous leurs yeux ébahis, elle arracha les têtes des roses qu’elle venait de recevoir et les avala une par une, en mâchouillant bruyamment. Elle jeta les tiges nues dans le feu, rota très fort et déclara, visiblement satisfaite :
-    Bien. Vous n’avez pas oublié ma petite gourmandise. De la part de mâles décérébrés, c’est pas mal. Un bon début, Messieurs. Qu’est-ce que je peux faire pour vous alors ?
-    Nous avons besoin de vos conseils Zamora. – intervint Duda posément.
-    Tout le monde a besoin de conseils. Tout le monde veut obtenir quelque chose. – répondit cette dernière de manière sibylline. – Qu’est ce qui vous dit que je pourrais vous aider ?
-    Nous sommes une équipe de Blood Bowl. Peut-être Robert ici présent vous a transmis cette information ? – tenta d’expliquer le coach.
-    Naturellement que j’l’ai fait ! Et comment ! – s’esclaffa le vieux mage en se tapant les cuisses, alors que l’entraineur le regardait, interloqué.
-    Bref, l’équipe halfling que j’ai le plaisir d’entrainer. – reprit Duda en insistant de manière quelque peu ironique sur le mot « plaisir ». – Cette équipe doit rencontrer très prochainement une team d’amazones. Or, en votre qualité d’ancienne joueuse…
Zamora l’arrêta d’un geste de la main. Elle sourit à pleines dents et affirma :
-    Halflings vous-dites. Et vous jouez des amazones ? Arrêtez tout de suite, vous avez déjà perdu.
-    Mais… - voulut protester Eggon.
-    Comment ça perdu ? – s’étrangla Sherlock.
-    Taisez-vous. – siffla le coach de manière véhémente en direction de ses joueurs. Puis il reprit, à l’attention de leur hôte : - Précisément, nous avons peu de chances, très peu de chances, c’est pourquoi nous venons vous voir.
-    Non, vous vous trompez, guerrier. – le corrigea la chamane. – Vous n’avez pas peu de chances, vous n’avez aucune chance. Comme vous l’avez dit, dans une ancienne vie, j’écumais les terrains de Blood Bowl en compagnie de mes s½urs. – Elle leva la tête et son regard se fit fuyant, comme si elle se remémorait une lointaine période. – Ah. Nous étions les reines des stades, partout où nous allions. On nous lançait des fleurs, on nous offrait des présents somptueux, on chantait à notre gloire. Quelle belle période… Jusqu’à ce que des salauds de mâles ventripotents de la Ligue, dépravés et obscènes, emplis de lubricité et de vilenie, mus par une haine et une jalousie féroces, nous mettent des bâtons dans les roues. – son visage se figea dans un rictus mauvais. – Bref, j’en étais où ?
-    Vous disiez qu’on avait aucune chance. – riposta le coach, la mâchoire serrée.
-    Oui, c’est vrai, aucune chance. – confirma la sorcière. – Vos p’tits gars gras du bide, avec leurs ridicules pates courtaudes, ils vont s’emmêler les pinceaux face à mes graciles et agiles s½urettes. Les filles vont vous aguicher, vont vous ensorceler, vont vous déborder et vont vous tabasser. Autant dire, vous allez être ridicules sur le terrain, petits hommes risibles que vous êtes. Le sort de votre match est plié. La féminité est en marche et elle vaincra ! – tonna Zamora de manière solennelle en levant les bras. – Nous aurons notre vengeance sur ces grotesques mâles écervelés !
Le silence se fit dans la pièce, les quatre visiteurs se regardant abasourdis devant ce discours virulent auquel ils ne s’attendaient pas. Manifestement, ils ne savaient comment réagir face à la déclamation de la sorcière.
-    J’vous avais dit qu’elle était spéciale. – glissa ton bas Robert, en se couvrant la bouche de la main.
-    Euhhh… Mais on a rien fait d’mal M’dame. – observa Eggon, la voix incertaine. – On veut juste jouer au Blood Bowl, nous…
-    Ha ! Jouer au Blood Bowl ! – clama la femme sur le même ton agressif. – Vous ne comprenez pas qu’il ne s’agit pas de sport ?! C’est la guerre ! La guerre des sexes ! L’intelligence féminine au service de la beauté face à la grossièreté et l’obscénité de bêtes puantes ! Mais vous ne nous aurez pas, avec vos petites quéquettes rachitiques ridicules ! Mes s½urs ne se laisseront pas faire et vous payerez cher votre insolence génitale !
-    De quoi ? – s’étrangla Sherlock. – Quelle insolence ? Comprends pas là.
-    Ah vous ne comprenez pas ? – siffla Zamora, en souriant méchamment. - J’estime que nous les femmes, nous n’avons pas à subir les fantasmes carriéristes d’une entité générationnelle réactionnaire et oppressive !
-    Hein ? – Eggon se gratta la tête, totalement perplexe. – Une quoi ?
-    Les hommes ! Nous ne laisserons pas nous faire par les hommes ! Plus jamais ! Vous êtes tous les mêmes ! Vous venez me voir pourquoi ? Pour que je vous donne des conseils sur la meilleure manière de battre mes frangines ! – tonna agressivement Zamora. – Vous voulez assouvir vos répugnantes pulsions de mâles dégueulasses, et vous m’offrez des fleurs en échange ? Vous pensez vraiment, dans votre esprit bouffi d’orgueil et de prétention, que la morale d’une femme s’achète comme ça, avec un vulgaire bouquet de roses ? – conclut-elle en pointant du doigt les deux halflings.
-    Cesse tes jérémiades, sorcière. – grogna tout à coup Duda, le visage tordu par un rictus ironique. – Nous savons parfaitement comment plaire à une femme. Dis-moi si cela suffit à te faire changer ton discours ?
Il ouvrit alors la besace qu’il avait apportée avec lui, et en sortit une replète bourse en cuir brun, fermée à l’aide d’un cordon doré. Il la jeta négligemment aux pieds de la chamane, dans un bruit de pièces entrechoquées. Cette dernière s’arrêta immédiatement de gesticuler et, raide comme un piquet, baissa le regard vers la sacoche. Tout en continuant d’observer ses quatre convives, elle s’accroupit doucement, langoureusement, mettant en avant sa poitrine ferme et généreuse. Elle ouvrit la bourse et un éclat jaune et métallique irradia son visage.
-    Bah, dites donc. Vous vous moquez pas d’moi, les gars. – affirma-t-elle, alors qu’un sourire se dessinait sur sa bouche. – Vous auriez pu commencer directement par-là, on aurait perdu moins de temps.
-    J’imagine que ça fait partie du personnage ? – demanda stoïquement le coach. – Faut s’faire mousser. Les temps sont durs, et tout le tralala qui va avec, non ?
-    Parfaitement, guerrier. – répondit Zamora, la voix redevenue suave. – Bon, j’aime les hommes concrets. A ce prix-là, vous voulez certainement la totale, j’imagine ?
-    La tot… totale ? – s’étrangla Eggon en écarquillant les yeux.
-    Quelle totale ? – s’étonna Sherlock en rougissant.
-    Hé, on s’calme les mecs. -  les réprimanda le coach. – On est pas à la Dryade ici.
-    La totale ! La totale ! – beuglait pendant ce temps-là Robert. – On veut la totale !
-    Attendez moi deux minutes. – fit la chamane, puis elle se retira en hâte derrière un épais rideau qui couvrait un des murs du fond de la salle.
Les quatre visiteurs patientèrent quelques minutes dans un silence quasi-total, en se demandant où Zamora avait bien pu s’éclipser et surtout pour quelle raison. Pendant ce temps-là, le feu dans la cheminée avait baissé d’intensité, plongeant la chaumière dans une légère obscurité. Les ombres s’allongèrent, l’air se fit plus lourd et l’atmosphère devint plus pesante. Finalement, la femme sortit de derrière le rideau et les halflings eurent une nouvelle fois le souffle coupé. Cette fois-ci, Zamora ne portait sur elle qu’une petite tenue sportive d’amazone, composée d’une mince culotte et d’un soutien-gorge très décolleté aux couleurs vives. Ses bras et ses mollets étaient recouverts de plaques de protection et elle tenait dans sa main un casque coloré, décoré d’extravagantes plumes d’oiseaux. Elle s’accroupit alors et se mit à avancer à quatre pattes en direction de ses convives, alors que d’étranges bruits de tambours surgissaient d’on ne sait où, au grand étonnement des quatre hommes. Elle s’arrêta près de la cheminée et jeta dans la cheminée une poudre qui, au contact du feu, fit naitre une vive et violente flemme bleue.
-    Les esprits m’ont dit que vous viendriez. – proclama Zamora d’une voix profonde et énigmatique. – Un puissant guerrier, accompagné de ses fidèles acolytes. Prends garde à lui, chamane, car sa venue marquera et l’avènement d’une nouvelle ère.
-    Coach… - murmura doucement Eggon, inquiet. – Il s’passe quoi là ?
-    Coach, j’ai peur. – surenchérit Sherlock d’une voix tremblante.
Puis la femme se rapprocha rapidement de l’entraineur et le renifla à la manière d’un animal sauvage.
-    Je sens un immense pouvoir en toi, guerrier. – déclara-t-elle en fixant intensément l’entraineur. – Es-tu prêt à accomplir ta destinée ?
-    Arrête ton cirque, femme. On est pas là pour ça. – répondit Duda, imperturbable, le dos bien droit, rompant immédiatement le charme du moment.
La sorcière cligna des yeux et se redressa instantanément. Les bruits de tambour cessèrent dans le même temps. Elle souffla d’exaspération.
-    J’croyais que vous vouliez la totale. Ce cirque, comme vous dites, ça fait partie du boulot. C’est l’rituel qui donne du cachet à ma prestation. Il vous a pas expliqué ça, l’vieux chnoque à côté d’vous ? – demanda-t-elle au coach, visiblement agacée.
-    Si, il m’la dit. Mais on est pas là pour ça. – répondit calmement l’entraineur.
-    Eh bien, c’est dommage. Vraiment dommage. – regretta la sorcière en faisant la moue. – Ca aurait pu être drôle. Hmm, tant pis, la prochaine fois peut-être.
-    C’est ça. – affirma laconiquement Duda. – La prochaine fois.
-    Alors quoi ? Vous voulez quoi précisément ? – demanda Zamora.
-    J’veux juste que vous nous aidiez avec ces amazones qu’on va rencontrer. – précisa vivement l’entraineur. – Sans un petit coup de pouce, effectivement on ne gagnera pas, comme vous l’avez si bien dit.
-    Voyons voir. – s’interrogea la chamane, les bras croisés, le tapant les lèvres de l’index. – Et si j’vous tirais les cartes ?
-    Vous savez tirer les cartes ? – s’étonna Eggon.
-    Naturellement qu’elle sait ! – bondit Robert. – C’est une professionnelle, pardi ! Ah, quel dommage qu’on a pas pu avoir la totale !
La sorcière profita de l’échange entre les convives pour se saisir d’un paquet de cartes posé sur une étagère et s’assit en tailleur face aux quatre invités. Puis, elle les mélangea et commença à les tirer en les posant face découverte devant ces derniers.
-    Hmmm, le Roi, suivi de la Balance. Intéressant. – déclara-t-elle sur un ton énigmatique. – Voyons voir ce que nous avons après. La Guerrière, puis le Bouffon et… l’Echafaud ! – conclut-elle dans un râle inquiétant.
-    Quoi quoi quoi ?! – s’étrangla une nouvelle fois Eggon, la voix tremblante. – C’est pas bon ? C’est pas bon l’échafaud ?
-    On va mourir, c’est ça ? – ponctua Sherlock le c½ur au bord des lèvres.
-    Calmes vous les minus. – les réprimanda le coach. – Ca veut dire quoi ce charabia, femme ?
-    Quoi les cartes ? – répliqua celle-ci sur un ton blasé. – Ca veut dire ce que j’dis, le Roi, qui sera suivi de la Balance, et viendra alors la Guerrière…
-    Mais ça ne veut rien dire ! – protesta vivement Duda.
-    Ba oué. C’est que des cartes à la con ! – scanda la sorcière, sur un ton exagérément outré. – Des bouts d’carton à la noix. Y’a que des péquenauds pour croire que tirer au hasard quelques bouts de carton va vous dire l’avenir.
-    Pourquoi le faire alors ? – s’étonna l’entraineur.
-    Vous m’l’avez demandé, non ? Moi, j’fais ce que m’dit le client. J’suis une professionnelle. – affirma Zamora de manière solennelle. – Après, si vous voulez pas les cartes, j’peux aussi lire dans les entrailles d’une poule, ou dans vos lignes de la main, ou bien j’peux jeter un sort d’invisibilité…
-    Ah oué, un sort d’invisibilité ! Trop cool ! – s’esclaffa tout à coup Sherlock. – Si elle nous rendait tous invisibles sur le terrain, on le gagnerait facile ce putain d’match !
-    Mais t’es con ou quoi, Sherlock. – gronda vivement Duda. – Réfléchis un peu, tête de pioche. Qu’est ce qu’elle va dire, la Ligue, si elle ne voit pas d’équipe en face de nos adversaires, juste un ballon qui vole dans les airs ? Hein ? A ton avis ?
-    Clair. J’y ai pas pensé. – concéda le halfling dubitativement.
-    Non, tu n’y as pas pensé, parce que tu ne réfléchis pas assez, gros nigaud. – renchérit son entraineur. Puis, tournant la tête vers la sorcière, il dit :
-    Par pité, femme, arrêtez vos prédictions, vos sorts et vos farandoles. Donnez-nous juste quelque chose, une arme, pour qu’on puisse les battre, ces amazones de malheur. J’imagine qu’en votre qualité d’ancienne joueuse, vous savez ce qui pourrait avoir de l’effet sur elles.
-    Et voilà. Une nouvelle fois, le mâle acariâtre et hégémonique se réveille. - tonna la chamane en faisant la moue. – Femme, fais ci, femme fais-ça. Pendant ce temps-là, il repose son gros cul malodorant et poilu sur le canapé du salon en buvant sa bière, comme un sale goret dégueulasse !
-    S’il vous plait. – souffla Duda, exaspéré.
-    Bon, c’est mieux. – reprit Zamora, une note de fierté dans la voix. – Il faut nous respecter, nous autres les femmes. Alors, puisque vous le demandez si gentiment, il se peut que j’aie quelque chose qui pourrait vous convenir. Attendez voir, où est-ce que je l’ai mis déjà ?
Elle alla fouiller parmi les nombreux ingrédients entreposés sur les étagères et s’esclaffa soudain :
-    Et voilà, parfait ! Je l’ai ! Tenez. – dit-elle en tendant au coach une fiole oblongue remplie d’un liquide sirupeux de couleur brun clair.
-    C’est quoi exactement ? – demanda Duda, interloqué.
-    C’est une concoction de mon cru, une spécialité dont le suis une des rares à connaitre la recette. Un subtil mélange de camomille, d’oseille, de baies de genévrier et quelques autres ingrédients disons… spéciaux. – clama-t-elle en jetant un regard suspicieux au vieux mage. – J’vais quand même pas vous donner la liste exacte des ingrédients.
-    D’accord mais j’en fais quoi ? – s’étonna une nouvelle fois l’entraineur.
-    Comment ça vous faites quoi ? J’dois vous faire un dessin, vraiment ? – s’agaça Zamora. – Vous le mettez dans la nourriture des filles, ni vu ni connu, et le tour est joué. Sur des beignets à la crème de préférence. Elles raffolent de ça, ces petites gourmandes. Elles ne pourront pas y résister. Et la crème cache parfaitement le goût particulier de l’élixir.
-    Et quoi ? Genre, elles vont mourir ? – s’inquiéta Eggon, les yeux exorbités.
-    Mais non. – répondit la sorcière, un sourire mauvais dessiné sur les lèvres. – Elles vont juste avoir une chiasse d’enfer !
Ils dirent rapidement au revoir à leur hôtesse, en s’inclinant et en la remerciant maladroitement, et sortirent à la hâte de la chaumière, empressés de quitter cette inquiétante et mystérieuse femme. Une fois dehors, celle-ci les regarda partir en direction des chevaux. Elle reprit sa pose lascive et héla tout à coup l’entraineur :
-    Guerrier ! Si jamais le hasard te faisait repasser dans les alentours, sache que ma porte te sera ouverte. Mon feu brûle toujours… - Clama-t-elle sur un ton énigmatique puis entra dans sa bâtisse en fermant la porte.
Duda resta figé quelques instants, sans réaction, les yeux plissés et le regard dur. Des pouffements et rires étouffés derrière lui le firent sortir de sa torpeur. Il se retourna vers ses joueurs et le vieux mage, qui le regardaient parcourus de spasmes de rire, les yeux brillants de malice, et les mains sur leurs bouches.
-    Qu’est ce que vous avez à rigoler, espèces de crétins décérébrés ! – grogna-t-il avec agressivité.
-    Il a un ticket le coach. – gloussa Eggon de manière joviale, en accentuant exagérément chaque mot.
-    Il est raide dingue, le coach. – ricana bêtement Sherlock de la même manière. – Quand les copains vont apprendre ça…
-    Hé coach, attention ! – leur emboita le pas Robert. – C’est une femme dangereuse Zamora ! Si elle vous plaque et vous enfourche, vous ne vous relevez plus !
-    Alors qu’on soit clair, vous et moi, p’tits merdeux de première ! – s’époumona Duda, la voix grave, mais néanmoins les oreilles rougies. – Vous allez la boucler et tout de suite ! Si j’entends la moindre réflexion, la moindre observation, si vous mouftez ne serait-ce qu’un mot à ce qui vient de se passer, j’vous mets en première ligne le match suivant face aux nains de Bosk ! Compris, bande de cons !

***

cool


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#167 13-02-2019 10:42:14

Duda
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Re: ANNONCE

Et la suite. Tout ne rentrait pas sur un seul post. C'était trop gros. Comme ma bite.

C’était la cinquante-cinquième minute du match qui opposait le Real Boitar aux furieuses amazones de la Disney Parade, une team de majorettes, entrainées par l’expérimenté coach Bistouf, bien connu des terrains de Blood Bowl. Il s’agissait d’une opposition de styles, sinon de sexes, tant les différences entre les deux équipes étaient flagrantes : des patauds et lourdauds, mais néanmoins pugnaces halflings face aux agiles et toniques acrobates, au physique grâcieux mais cependant quelque peu fragile. Le public avait fait le déplacement en masse dans l’enceinte des amazones, la fameuse Zone. Au grand étonnement des organisateurs, les supporters de plus en plus nombreux du Real – forts impatients de voir la manière dont leur équipe favorite allait s’en sortir ce soir – avaient pris possession de la plus grande partie des gradins, scandant haut et fort le nom de leurs idoles.

Pour remercier du chaleureux accueil dont leurs hôtes avaient fait preuve, Duda – l’entraineur de l’équipe halfling avait commandé auprès du réputé chef cuisinier Roël Jobuchon, une spécialité gourmande et sucrée, afin de convenir au mieux aux papilles gustatives si délicates de leur avenantes adversaires du soir. Ainsi, un amoncellement de pâtisseries diverses et variées avait été disposé sur de grandes tables à tréteaux, dans les zones techniques de chaque équipe. Parmi la foultitude d’éclairs au chocolat, de mille-feuilles, de tartes aux abricots, de clafoutis aux cerises ou de flans, trônaient en maîtres les fameux beignets à la crème de Roël – un célèbre dessert du chef étoilé, un exquis plaisir gustatif, une paradisiaque explosion de saveurs, dont les filles de la Disney Parade n’avaient fait qu’une bouchée !

C’était la cinquante-cinquième minute du match donc, et rien n’allait pour le Real Boitar. Ils étaient menés au score et leurs adversaires s’avéraient plus coriaces que prévu, et surtout moins faciles à attraper. Le plan, pourtant si simple et clair, marchait de travers. Les halflings n’avaient qu’une mission à remplir durant ce match, et qui consistait à blesser ou à éliminer le plus d’adversaires possible. Et c’est ce qu’ils avaient fait, et parfaitement ! Et pourtant, ils étaient toujours menés au score à cinq minutes du coup de sifflet final et la situation ne se présentait pas très bien pour eux.

Satanés gonzesses ! Sexe faible, tu parles !

Tholot l’Ancien, le capitaine vétéran halfling, campé au milieu du terrain, s’interrogeait sur la manière dont cette rencontre échappait à son équipe. Il ne voulait pas y croire. Tout avait si bien fonctionné en première mi-temps, tout ou presque, en réalité. Pour une fois, tout le monde avait suivi le plan du coach à la lettre, et ce en commençant par le cuistot. La tonne de pâtisseries qu’il se mit un plaisir à réaliser, finit, comme prévu, dans l’estomac des amazones, les filles s’avérant incapables de résister à une gourmandise sucrée. Comment le coach put obtenir cette information sur le petit péché gourmand des joueuses adverses, Tholot avait du mal à se l’expliquer et ses deux compères qui avaient accompagné Duda dans sa virée nocturne dans les bois s’avérèrent fort évasifs sur la question, comme s’ils craignaient quelque récrimination… Bref, dans tous les cas, la combine avait marché car les amazones se retrouvèrent rapidement en proie à des crampes et des maux d’estomac, qui diminuèrent fortement leurs capacités sportives sur le terrain. Naturellement, le Real Boitar en profita pleinement alors que l’équipe menait l’attaque. Dès le début du match, plusieurs filles furent évacuées, soit suite à des coups reçus de la part des deux hommes-arbres de l’équipe, soit alors qu’elles rataient des actions qui semblaient faciles à réaliser. Ainsi, une amazone finit étourdie à la suite d’un croche-pattes pourtant maladroit de Séraphin. Une autre tenta de s’en prendre à Calben, mais le joueur halfling vit arriver le coup et contra aisément le poing de l’adversaire en la faisant valdinguer dans la pelouse, la tête la première. La malheureuse fut immédiatement évacuée du terrain et ne se releva plus de la rencontre. Le plan marchait donc, et le comportement maladif et étrangement gauche de leurs adversaires aidait grandement le Real Boitar. Et la situation s’améliora d’avantage lorsque ce sournois de Lorel profita que Nala, la trois-quarts expérimentée de l’équipe amazone soit à terre pour lui écraser vicieusement la cheville, qui craqua dans un odieux bruit d’os brisés. Cette dernière hurla de douleur alors que le public éructait de joie sadique, et fut immédiatement prise en charge par le service médical. Le match était terminé pour l’une des joueuses les plus dangereuses sur la pelouse, au grand bonheur du coach Duda. En conséquence, la première mi-temps semblait être une formalité pour les halflings qui s’apprêtaient à marquer le premier touchdown de la rencontre. Tout allait pour le mieux jusqu’à… l’incident.

Comme souvent, et au grand dépit de leurs fans, le Real Boitar démontrait pour la énième fois sa fragilité et son inconstance au moment le plus crucial du match. Alors qu’il était bien protégé par plusieurs de ses coéquipiers, et enfoncé bien profondément dans le camp adverse, Waldi Belleplume – qui portait la balle à ce moment-là du match, suite à une transmission parfaite réalisée par son compère Calben – ne vit pas arriver dans son dos une amazone esseulée qui réussit à se faufiler entre les lignes en repoussant un des joueurs protégeant les arrières de la cage halfling. Il ne restait à Waldi qu’à s’élancer vers l’avant pour scorer mais le pied bien placé de la téméraire adversaire l’en empêcha. Il s’étala gauchement sur la pelouse et le cuir lui échappa inexorablement des mains. Naturellement, dans de telles conditions, le sort s’acharne souvent sur la malchanceuse équipe fautive d’une action ratée. Ce fut également le cas ce soir, dans la mesure où Minnie, la lanceuse amazone, avisa le ballon tombé aux racines d’un homme-arbre adverse, et s’en saisit avec adresse en évitant le coup de branches du garde sylvestre, sous les regards médusés d’un public en folie. Un lancer parfait plus tard, et voilà que Marianne, la trois-quarts des Disney Parade, s’échappait avec la gonfle dans les mains en direction de l’en-but halfling. Le contre était foudroyant et létal. Aucun semi-homme ne put rivaliser avec l’adresse et la vélocité des amazones et ces dernières ouvrirent donc le score en toute fin de première période.

Le hold-up était parfait, à vrai dire, et l’entraineur du Real Boitar, tout en pestant sur la maladresse des halflings, ne pouvait que féliciter son collègue de métier pour le sérieux et le professionnalisme dont faisaient preuve ses rares protégées restant sur la pelouse. Rien n’était fini toutefois, dans la mesure où la seconde mi-temps reprenait avec des rangs amazones clairsemés voir très clairsemés, la plupart des joueuses gisant blessées, étourdies ou vomissant tripes et boyaux dans la zone technique. Six filles se présentèrent au coup d’envoi face à un effectif complet de semi-hommes revanchards. Tout était encore possible pour le Real Boitar, il suffisait juste de récupérer le ballon des mains manucurées des filles.

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Toutefois, c’est précisément à ce niveau que les coéquipiers de Tholot démontrèrent une désopilante incompétence. Pendant presque toute la seconde mi-temps, les amazones s’avérèrent impossibles à jeter à terre par des halflings plus que maladroits et patauds. Le ballon bien protégé près de leur zone en-but, les filles repoussaient toutes les tentatives d’arrachage du ballon ou les blocages adverses, avec une facilité déconcertante. Pire, l’arrivée des deux hommes-arbres, qui mirent un certain temps, si ce n’est un temps certain, à traverser la moitié du terrain des amazones, ne changea pas grand-chose à la situation, dans la mesure où Espelth, la blitzeuse porteuse du ballon, esquivait avec adresse les coups de branche que voulaient lui asséner les deux vénérables anciens.

Malgré tout, la situation devenait peu à peu critique pour les deux équipes. Si les halflings se montraient incapables de menacer directement la porteuse du ballon, les rangs des amazones s’éclaircissaient de plus en plus suite à l’arrivée des deux hommes-arbres. Rapidement, une première amazone fuit évacuée de la pelouse, suivie peu de temps après, par une autre, prise de crampes d’estomac très violentes. Seules quatre joueuses demeuraient sur le terrain, face à une équipe halfling au grand complet. Sentant la menace de plus en plus pressante, Bistouf dut se résoudre à une action risquée. Marianne, qui avait ouvert le score en première mi-temps, s’échappa à nouveau du marquage halfling et se positionna pour recevoir le ballon. Espelth, se dégagea alors à son tour et projeta la balle en direction de celle-ci. Malheureusement pour les amazones, la trois-quarts fit preuve d’une étrange maladresse, dans la mesure où, pourtant libre de tout marquage, elle laissa échapper le ballon. Deux halflings se jetèrent sur elle mais furent, une nouvelle fois, incapables de faire choir la valeureuse guerrière.

C’était la cinquante-cinquième minute du match. Il restait à peine cinq minutes avant le coup de sifflet final et le cuir reposait sous les pieds d’une amazone. C’est à ce moment précis de la rencontre que Tholot se dit : « Faut vraiment que j’fasse tout moi-même, bordel ! »

Il ne savait pas encore qu’il allait être l’auteur d’une action d’anthologie, d’une action de légende qui allait faire se lever les foules, qui allait faire hurler d’extase ou de dépit les nombreux téléspectateurs suivant la rencontre sur Cabalvision, qui allait figurer dans l’almanach des plus belles actions de tous les temps, qui allait s’inscrire en lettres d’or dans le mythe du Real Boitar et changer peut-être la phase du monde. En effet, il fut dit qu’au même moment, en Lustrie, un grand ancien se mourait en prédisant une conjonction planétaire qui allait conduire à un grand cataclysme cosmique. Mais comme personne ne comprenait ce que ce vieux carpeau bredouillait, personne n’en eut cure. A Averheim, une lavandière mélangea le blanc avec la couleur et abima les chemises de son maître. Elle dut payer en nature sa bévue (non lui déplaise à vrai dire). A Bordeleaux, des larves pénétrèrent dans le bois des tonneaux d’un vigneron et gâtèrent toute sa production annuelle. Il fit faillite peu de temps après.

Quoi qu’il en soit, Tholot s’élança avec vigueur en direction du ballon et s’en empara sous le nez et la poitrine de son adversaire. Il esquiva ensuite le coup de pied que cette dernière voulut lui asséner et reprit sa course, esseulé, au milieu du terrain. Une seconde amazone tenta de l’estourbir, mais il réussit à repousser son attaque avec une facilité déconcertante. Il contre-attaqua celle-ci et lui projeta son poing en plein milieu de la figure, étourdissant sur place une amazone plus qu’étonnée de la fougue du capitaine halfling. Il s’empressa alors de s’enfoncer le plus possible dans le camp adverse, et se mit à l’abri des deux hommes-arbres. Un de ses compagnons vint alors lui prêter main forte en bloquant les lignes du mieux possible.

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Ainsi, une situation a priori désespérée devenait une aubaine pour le Real Boitar, grâce surtout au talent et à la classe du seul Tholot. Le public hurlait de joie alors que celui-ci courait vers l’en-but de la Disney Parade. Le coach Bistouf, pris au dépourvu, tenta de remédier à la hâte à la situation. Il ordonna à sa blitzeuse Espelth de bloquer par tous les moyens possibles le vétéran halfling, mais malheureusement pour lui, sa joueuse était aux prises avec les deux gardiens sylvestres, de telle sorte que son esquive rata lamentablement. Pire, l’amazone fut frappée à l’arrière du crâne par un violent coup de branche de Grisfrêne et s’effondra dans une gerbe de sang le visage enfoui dans la pelouse ! Le chemin était désormais grand ouvert pour Tholot. Il ne lui restait qu’à courir à toutes enjambées vers la terre promise, vers l’Eden du bloodbowleur (non, pas la taverne, bande de soiffards), vers la zone d’en-but adverse ! Il courut, courut, de toute la force de ses petites jambes replètes, le public poussa des cris d’effroi lorsqu’il faillit trébucher, mais il se reprit vaillamment, il résista à l’attraction terrestre, il se redressa et franchit la ligne magique juste avant le coup de sifflet final !

Le Real Boitar venait d’égaliser à la dernière seconde du match ! Le public hurla de joie, explosa littéralement, les gens se tombaient dans les bras les uns les autres, ils sautillaient sur place, ils se tapaient la tête, ils s’arrachaient les cheveux en hurlant, ils jetaient leurs bébés dans les airs, une folie pure s’empara des spectateurs. Le Real l’avait fait, ils l’avaient fait ces petits gars pugnaces et combattifs, ils venaient une nouvelle fois de déjouer les pronostics et inscrivaient une nouvelle ligne dans leur mythique palmarès.

Donnés grands perdants face à des adversaires qui disposaient de toutes les armes pour les vaincre, les étonnants halflings démontrèrent une nouvelle fois la raison pour laquelle le halo entourant leur légende brillait d’un éclat vif et puissant. Ce match nul avait en réalité le goût d’une vraie victoire, et le sourire enjoué dessiné sur les lèvres de leur coach en était la meilleure preuve.

***

Une ambiance de fête régnait dans le vestiaire du Real Boitar, alors que les joueurs se prélassaient en se reposant après l’âpre et valeureux combat qu’ils venaient de mener avec succès face à leurs adversaires du soir. Les félicitations pleuvaient de partout, les joueurs se congratulaient mutuellement, se remerciaient, chantaient à tue-tête ou se lançaient des piques amicales. Parmi eux, trônait en place d’honneur leur vétéran de capitaine, auteur d’un match remarquable et d’une action de grande classe. La tête encore embrumée par l’effort intense, il était assis sur son banc, au milieu de ses camarades, une chopine de bière à la main, calme et posé, le regard vague, souriant et se remémorant chaque instant de la rencontre. Le bruit d’une porte qui claque le sortit néanmoins de sa torpeur. Il se redressa en agitant la tête, car Duda venait de faire son apparition dans le vestiaire.
-    Vous êtes contents de vous ? – clama-t-il aux halflings assemblées, alors qu’un silence perplexe se fit dans les lieux.
-    Oui, plutôt contents. – répondit Eggon avec entrain.
-    Et bien, vous avez raison ! Bien joué les gars ! – déclara le coach, et les hourras et cris de joie reprirent de plus belle. L’entraineur attendit que l’ambiance se calme quelque peu, puis reprit :
-    Profitez-en les mecs, profitez de ce petit succès. – Il plissa soudain les yeux et son visage se tordit dans un méchant rictus. – Profitez, car dans une semaine, on rencontre ces salopards de nains de Bosk.
-    Et alors ? – osa demander naïvement Roch.
-    Et alors ? – reprit Duda. – Alors bon nombre d’entre vous risquent de moins rigoler après ce match, voire ne plus jamais rigoler du tout. Sur ce, j’vous laisse à vos petites réjouissances.
Puis il sortit en claquant la porte, sans se retourner, laissant ses joueurs dans un état de stupeur et d’inquiétude nouvelle. La morosité prit rapidement le dessus dans l’esprit des halflings. La fête était manifestement finie avant d’avoir commencé, ils n’avaient pas profité longtemps, pas du tout en réalité, de leur réussite du soir. Il avait le don de foutre l’ambiance en l’air le coach, un sacré don…

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Dernière modification par Duda (14-02-2019 18:23:20)


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#168 13-02-2019 13:14:42

Laerthis
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Re: ANNONCE

Avec du retard, je rattrape mes lectures.
C'est vraiment excellent.

Matchs contre Bud et Harry ok, je passe à la suite sur mon prochain tzmps d'attente!!!

Quelle plume!

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#169 13-02-2019 16:46:11

Duda
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Re: ANNONCE

Merci wink
C'est toujours aussi agréable de recevoir des compliments big_smile


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#170 13-02-2019 19:05:30

Laerthis
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Re: ANNONCE

Aldo!!!
Mirfu!!!!

Putain, j'viens pour me marrer et j'me fais surprendre.

C'est génial, un régal à lire.
Vivement la suite.

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#171 22-02-2019 21:55:56

Azzroag
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Re: ANNONCE

Purée le coup du recrutement est énorme smile


"Ecoute gamin, quand tu auras fait la teflon tu pourra revenir me causer de bloodbowl, retourne donc teter les seins de ta mere et va au lit, c'est bientot 20h.
Eddie : "Si Aredhel et le Sgt sont devant moi au classement à la date du LB, non seulement je joue en String mais avec en plus "Mamar Forever" écrit sur le boule..."

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#172 15-03-2019 10:14:18

Dritzz
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Re: ANNONCE

La suite ! La suite ! La suite !


- Louper un plaquage, c'est comme enculer un collègue ... C'est moche !!!   Smiley 014
- Meilleur défenseur WC 2023 avec 2 TD d'encaissé !

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#173 15-03-2019 10:31:01

Duda
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Re: ANNONCE

Un peu débordé au taf' en ce moment, mais patience !
Le CR contre Bosk est en cours, délivrance prévue la semaine prochaine wink
Suivra, dans la foulée j'espère, celui contre l'équipe de José, manié avec tant de grâce par Bud' (que je remercie une nouvelle fois pour d'être dévoué) big_smile

Avec tout ce qui s'est passé dernièrement pour ma team, les idées fusent de toutes parts !


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#174 02-04-2019 11:04:46

Duda
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Re: ANNONCE

Et voilà ! (j'ai mis trop de temps, désolé, mais j'ai pas beaucoup de temps dernièrement...)
Je vais essayer de rattraper le retard (mais je ne promets rien pour l'instant). wink

« N’importe quel connard peut aller en play-offs avec des nains »
Amaranth – fameux coach de la Lutèce Cup


Les Nains de Bosk


Le nain. Cet irascible, peu amène et rancunier individu, si proche du halfling et pourtant si éloigné, un lointain cousin que l’on apprécie uniquement sur un tableau de famille et que l’on aime surtout garder loin de soi. Colérique, mais prompt à la rigolade et la chicanerie, zélé et pourtant fataliste, vindicatif mais pardonnant facilement, cupide et cependant prodigue avec ses amis, violent mais sachant faire preuve de mansuétude, formidable guerrier mais tellement lourdaud, le nain est un personnage plein de contrastes. Il existe toutefois peu de races dont le comportement de ses représentants correspond si parfaitement aux caractéristiques générales qu’on leur prête (sauf peut-être les elfes… et les peaux-vertes…). Les nains sont de redoutables combattants, de formidables ingénieurs et des marchands hors pairs, riches d’une culture et de traditions séculaires et respectables, ayant construit une société basée sur des valeurs traditionnelles de loyauté et d’honneur. Mais ce sont également des goujats malpolis, portés sur les boissons euphorisantes, des brutes bedonnantes à la pilosité exubérante, à l’humour graveleux et à l’hygiène plus que douteuse, adorant plus que tout la bagarre, les jeux de force, légendes d’antan, la choucroute et la bière, naturellement !

Tous les nains sont pareils, tous.

Tous.

Mis à part les nains de Bosk.

Les nains de Bosk étaient différents, eux. Extraordinairement, incroyablement, étonnamment différents. Bosk, célèbre entraineur de la Lutèce Cup, sybarite notoire et hédoniste extravagant, avait rassemblée autour de lui, lors de la fameuse saison 2518-2519 de la Ligue, une bande très singulière de ces individus nains, qui détonnaient du reste de leurs congénères de manière incommensurable, et qui firent autant fureur qu’horreur sur les terrains de l’éternel championnat. En effet, Bosk – personnage bien connu du landerneau de la Lutèce pour ses m½urs particulières et sa lubricité exacerbée – réunit autour de son imposante personne ce que la race naine avait à offrir de plus vil, de plus dépravé, de plus obscène et de plus abject. Pendant des mois, il écuma les rades les plus paumés de la capitale, les fumeries d’opium et les clubs de débauche pour dénicher ses perles rares, ses « enfants perdus » comme il aimait à appeler ces individus pervers et immoraux qui s’agglutinèrent autour de lui telles des sangsues sur la verge d’un bouc.

Bien que portés sur les alcools et la nourriture autant que n’importe quel autre de leurs congénères, les nains de Bosk n’avaient, dans leur apparence et dans leurs m½urs, rien d’un nain ordinaire. Imberbes, rasés de près, ils étonnaient par la peau entièrement glabre et vierge de toute aspérité (si ce n’est quelques verrues incommodantes) qu’ils aimaient recouvrir d’huiles odorantes et autres lubrifiants aqueux. Ils choquaient également par leur tenue vestimentaire, étant donné qu’ils s’affichaient en public, de manière totalement impudique, vêtus de tenues de cuir affriolantes, composées de culottes rembourrées, de bretelles cloutées, de chaînes de fer, de bottes de soldat luisantes et de casquettes lustrées, qui mettaient mal à l’aise tous leurs interlocuteurs. Leurs manières surprenaient également, dans la mesure où, contrairement aux autres nains, les nains de Bosk – bien que robustes et vigoureux – se comportaient de manière peu en accord avec leur physique, et s’exprimaient avec une voix suave et langoureuse, féminine presque, tout en adoptant, le plus souvent, des postures et une gestuelle nonchalante et lascive, qui médusaient leur public. Mais tout aussi étrange que cela puisse paraitre, ce comportement étrange démontrait une agilité et une dextérité bien plus impressionnante que chez n’importe quel autre individu nain. Les nains de Bosk savaient jouer au ballon, c’était incontestable, et ils adoraient ça ! Le public demeurait coi lors de chaque rencontre de ces étranges individus, et leur jeu détonnant, totalement à l’opposé du jeu schématique nain habituel, laissait leurs adversaires pantois et surtout impuissants de contrer des nains aussi puissants qu’agiles. Il faut l’avouer, malgré leur apparence singulière, les nains de Bosk étaient des joueurs impitoyables, inexpugnables, et auraient pu devenir de véritables idoles des foules si ce n’était leur comportement désolant. En effet, ce qui choquait le plus le grand public, autant que les initiés de la Lutèce Cup, était l’attitude lubrique, obscène et totalement déplacée de ces individus, qui semblaient puiser un certain plaisir, voire une véritable jouissance des mines de dégoût que leur offraient tous les spectateurs lors de chacune de leurs rencontres. Il n’était ainsi pas rare de voir ces athlètes aux torses huilés et à l’accoutrement volage, se caresser mutuellement en plein match, se toucher les parties intimes ou bien même les afficher éhontément devant le public ébahi et consterné. De même, ils adoraient se jouer de leurs adversaires et les enrager, en tentant des gestes abjects en direction de ces derniers, cherchant à leur léchouiller les oreilles, à leur placer un doigt dans l’arrière-train ou à se frotter contre eux lors des âpres luttes sur le terrain, tout en leur lançant d’obscènes tirades et invectives qui mettaient les nerfs de leurs opposants à vif.

Indubitablement, si un tel comportement désobligeant de la part des nains de Bosk était consternant et ne laissait aucun doute sur le peu de valeurs morales de ces vils individus, aucun point du règlement de la Lutèce Cup ne l’interdisait formellement, de telle sorte que – au grand dépit du public et des officiels de la Ligue – Bosk et ses petits protégés s’adonnaient à leurs agissements malsains en toute impunité et avec une effronterie sagace et désobligeante.

Le pire dans cette situation ubuesque était que cette stratégie fonctionnait à merveille ! Bosk et ses joueurs dominaient le championnat et trustaient le haut du classement, et ce malgré les vives protestations des autres entraîneurs de la Ligue. Rien n’y faisait, ni les récriminations des officiels, ni les objections des coachs, ni même les menaces et quolibets d’une grande partie du public de la Lutèce, les Nains de Bosk demeuraient inflexibles (ce en quoi ils rappelaient vraiment leurs congénères) dans leur comportement et leur manière de jouer.

Et, par un malheureux hasard, c’était au tour du Real Boitar de les affronter. Les halflings se retrouvaient donc en très mauvaise posture, devant se confronter prochainement à cette salace équipe de cousins pervers, bien plus robustes, plus adroits et surtout plus vicieux qu’eux. Bref, le Real était dans la mouise, et ce jusqu’au cou.

C’est exactement ce que se disait le coach Duda lorsque, vêtu de son éternelle houppelande grise, il s’assit à la table de l’auberge de l’Inguiz Titi, lieu de débauche et de luxure bien connu des milieux dépravés de la capitale, et qui servait de quartier général à l’équipe de Bosk. L’endroit était pour ainsi dire désert en cette heure matinale, mais Duda s’était déplacé spécialement pour répondre à l’invitation, plus qu’étonnante, de son camarade de métier et futur adversaire. L’endroit était sombre, les portes et volets demeurant fermés, mais des lumières provenant de lampions magiques éclairaient la scène sur laquelle un nain au torse musclé et huilé se contorsionnait au son d’une musique répétitive et agaçante. Bosk l’accueillit à bras ouverts, riant amicalement dans sa barbe hirsute, dans laquelle des morceaux de viande se mêlaient à des restes de bière et d’autres produits de provenance incertaine, reliquats du copieux petit-déjeuner que l’entraineur nain venait d’ingurgiter. Il invita donc Duda à s’asseoir et prit lui-même place sur un volumineux fauteuil rembourré, son imposante carcasse faisant grincer le cuir usé du siège. C’est alors que le coach vit qu’un autre personnage était également attablé à leurs côtés. Il s’agissait d’un gnome dans la force de l’âge, au visage émacié et avenant doté d’une moustache fine et d’une petite barbiche taillée en pointe, et dont les épais cheveux d’un noir de jais étaient coupés en une frange à la mode.

-    Duda, mon cher Duda, je te remercie d’avoir répondu positivement à mon invitation. Sois le bienvenu dans mon humble établissement ! – Bosk entama la conversation sur un ton jovial et enjoué, en faisant d’amples gestes de ses bras charnus.
-    J’me demande vraiment ce que j’fous là. – répondit nerveusement le coach halfling. – C’est quoi c’plan foireux, Bosk ? Tu sais bien que les officiels n’aiment pas trop que les entraineurs s’parlent en privé avant les matchs.
-    Calme toi Duda ! – sourit son hôte. – Y’a pas d’entourloupe, je te rassure. J’voulais juste qu’on se cause, toi et moi, comme deux vieux copains. Y’a pas d’lézard. T’es trop méfiant. Tu veux boire quelque chose ? Manger un truc ?
-    Sans façon, Bosk. – indiqua Duda laconiquement. – Bon, tu m’veux quoi ? Et c’est qui, lui ? – demanda-t-il en faisant signe de la tête en direction du gnome.
-    Ah, vois-tu, notre ami est précisément la raison de ta venue ! – affirma le coach nain d’une voix grondante.
-    Permettez que je me présente. – intervint tout à coup l’individu en se penchant avec lenteur par-dessus la table. Sa voix douce et posée, très légèrement rocailleuse et son regard acéré dévoilaient un esprit vif et une intelligence peu commune. – Je suis Peter le Bailli, et j’exerce la profession peu enviée mais pourtant si passionnante d’arbitre de Blood Bowl.
-    Et alors ? – demanda le coach halfling sur un ton quelque peu irrité. – C’est quoi c’te embrouille ?
-    Y’a aucune embrouille, Duda ! – répondit son collègue de métier sur un ton qui se voulait rassurant. – Figures toi que Petitdoigt que voici, ou plutôt Monsieur le Bailli, pardon… - Il inclina sa tête dégarnie en direction de ce dernier dans un geste feignant l’excuse, faisant sourire doucement le gnome qui l’invita à poursuivre d’un geste de la main. – J’disais donc, Monsieur le Bailli que voici, figures-toi, qu’il a été désigné par la Ligue pour être l’entraineur de notre prochain match !
-    Ne vous excusez pas Maître Bosk. Petitdoigt me va très bien. C’est un surnom que j’affectionne et de toute façon tout le monde m’appelle par ce sobriquet. – affirma celui-ci sur un ton calme. – Je confirme vos dires. J’aurai l’immense plaisir d’arbitrer le célèbre Real Boitar, tout prochainement opposé aux non moins célèbres Inguiz Titi.
-    D’accord, d’accord, cessons ce petit jeu. – lui coupa la parole Duda. Puis il s’adressa à Bosk, le regardant droit dans les yeux – Donc, dans trois jours, on s’met sur la gueule, toi et moi. Et avant ça, tu me fais venir, comme si de rien n’était, dans ton respectable établissement, pour faire causette en compagnie de l’arbitre de notre match. Tranquille. Y’a pas d’combine, tout va bien. Allé, balance, qu’est ce que tu m’veux Bosk ? J’ai pas de temps à perdre en palabres.
-     Bon, d’accord ! – soupira l’entraineur nain avec consternation, en se frappant les mains. – T’es vraiment pas drôle Duda. Toujours à voir le mal partout. J’ai une proposition à te faire.
-    Tiens donc ! – s’esclaffa avec ironie son interlocuteur.
-    Attends ! Ecoute-moi bon sang ! – reprit Bosk avec entrain. – Toi et moi, nous savons parfaitement ce qui va se passer dans trois jours. Pas vrai ?
-    Ah bon ? – s’étonna Duda agacé. – Il va se passer quoi mon pote, dis-moi ?
-    Ne joue pas à ça. S’il te plait. Parlons franchement. – continua le coach nain sans relever la pointe d’amertume dans la voix de son collègue. – Je t’aime beaucoup Duda, mais tu sais que ton équipe n’a aucune chance face à mes guerriers.
-    D’autres me l’ont déjà fait, Bosk. – répondit Duda la mâchoire serrée. – Ils ont été étonnés.
-    Oh oui je sais. Ne t’inquiètes pas, je ne te prends pas à la légère. – affirma Bosk la mine sincère. – Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Mais, soyons honnêtes. Tu donnes combien de chances à tes gars de s’en sortir sans égratignure face aux miens, hein ?
-    Je ne puis que vous conseiller vivement d’écouter votre collègue, Messire. – s’immisça posément le gnome.
-    On t’a pas sonné, l’ami. – répliqua avec virulence le coach halfling.
-    Du calme ! – tonna une nouvelle fois Bosk de sa voix puissante en agitant les bras et en tournant vivement son visage poilu. – On est entre gens raisonnables, ici. – Il reprit en direction de Duda. – J’vais pas t’faire un dessin. Si je dis à mes gars de jouer à la dure, tu risques fort de retrouver ton équipe en miettes, pas vrai.
-    Admettons. – répondit brièvement Duda en faisant la moue.
-    Bien, admettons. – continua sur le même ton professoral le coach nain. – Or, moi, je les aime bien tes petits joueurs. Ils sont… attachants. Et tu sais quoi ? Mes gars les aiment bien aussi, pardi ! Ils sont fiers de leurs petits cousins, comme ils disent.
-    Ah oué ? – le questionna Duda. – Ils les aiment comment mes halflings, tes gros pervers de joueurs ?
-    C’est-à-dire ? – ce fut au tour de Bosk de s’étonner.
-    C’est-à-dire qu’il m’est difficile de discuter quand j’ai en face de moi un nain imberbe qui s’astique le manche autour d’une barre, avec un doigt dans l’derch’, tout en se léchant un téton ! – gronda le coach halfling en désignant du menton la scène qui se trouvait dans le dos de Bosk.
Ce dernier se retourna avec une vivacité incroyable pour un individu de son gabarit et écarquilla les yeux de stupéfaction. Sur la scène, un nain s’adonnait à une performance hors normes d’une obscénité des plus totales, ne s’inquiétant visiblement aucunement de la présence de deux étrangers dans l’établissement.
-    Fred, mon grand ! – cria Bosk en direction du performeur. – Pourrais-tu s’il-te-plait arrêter un moment ?
-    Mais je m’entraine, merde ! – répliqua vivement ce dernier d’une voix criarde, peu en accord avec son gabarit imposant. – J’me produis ce soir !
-    Tu peux t’entrainer ailleurs, mon beau ! – lui indiqua d’une voix douce son entraineur. – Tu gènes nos invités !
-    Mais Farid et les autres ont pu s’entrainer sans soucis ce matin ! – protesta le nain glabre. – Ce n’est pas juste !
-    Peut-être, mais s’il te plait, mon chou, va t’entrainer ailleurs ! – le gronda posément Bosk, d’une voix paternelle.
-    C’est dégueulasse ! – s’offusqua son joueur. – Ca tombe toujours sur moi ! C’est injuste ! Monde de merde ! – conclut-il en ramassant violemment ses affaires et en quittant la scène, fulminant et outré par le sort qui le frappait et visiblement révolté contre la terre entière.
-    Excusez-moi mes amis. – Bosk se retourna vers ses convives en souriant de manière quelque peu mal à l’aise. – Ils prennent leur rôle très à c½ur, mes enfants égarés. Ils sont si investis, dévoués, si fragiles…
-    Ce n’est rien. – le rassura sur un ton posé Peter le Bailli, en lui tapotant doucement le bras. – Poursuivez, je vous prie.
-    Oué, abrège, mon vieux. – le pressa Duda d’une voix mêlant consternation et contrariété.
-    T’as raison. – reprit Bosk, un rictus sur les lèvres. – J’viens au fait. Et si, ce match… ben… on se l’arrangeait. Hein, t’en dis quoi ?
-    On y est alors. – siffla l’entraineur du Real Boitar entre les dents. – Tu m’demandes ouvertement de gruger un match de la Ligue, en présence de l’arbitre désigné. Et si je n’accepte pas, tu me menaces, d’une manière à peine voilée, de détruire mon équipe. C’est bien ça, Bosk ? J’ai bien compris ?
-    Gruger, tout de suite… - protesta Bosk en feignant l’outrage. – Ca me blesse ce que tu dis là, Duda. Y’a pas de triche, disons juste, un arrangement entre bons amis !
-    Et qui consiste en quoi, hein ? Dis-le-moi, je t’en prie, mon ami. – répondit sur un ton ironique Duda.
-    C’est simple, en fait. – affirma le coach nain sur le ton de la confidence en se penchant vers son collègue. – On le joue pour de vrai, ce match. Y’a pas de triche. Par contre, on s’met d’accord sur un point. On y va mollo. J’demande à mes gars de retenir leurs coups…
-    Et en échange ? – l’interrompit Duda en faisant la moue.
-    En échange. – reprit Bosk avec malice. – Tu m’promets de ne pas agresser mes enfants égarés si jamais ils trébuchent.
-    C’est tout ? – s’étonna le coach du Real Boitar.
-    C’est tout. Promis juré. – confirma Bosk en souriant. – Alors, t’en dis quoi ?
-    J’en dis, combien ça va me coûter ? – répondit Duda en se tournant vers le gnome.
-    Pas grand-chose, Messire. – répondit Peter le Bailli, d’une voix étonnement calme pour quelqu’un assistant à ce qui semblait être un véritable arrangement illégal de match. – Vous me verserez une corruption d’arbitre officielle.
-    C’est tout ? – Duda paraissait plus qu’étonné.
-    C’est tout oui. – répliqua Petitdoigt toujours sur le même ton inquiétant, en hochant la tête dans un geste lent. – Vous m’assurez de verser une telle prime de match et vos joueurs sortiront indemnes du terrain.
-    Mais hors question d’agresser, hein ! – rajouta Bosk en postillonnant.
-    Naturellement, Messire Duda, vous vous engagerez à respecter les termes du pacte de non-agression. – le gnome confirma les propos du coach nain. – Pour ce faire, j’inspecterai les crampons de vos joueurs avant le match. Ils devront être émoussés, bien entendu.
-    Bien entendu ! – surenchérit Bosk avec vigueur.
-    Mettons que j’accepte. – indiqua Duda, le visage tordu par un rictus de dépit. – J’ai pas vraiment l’choix de toute façon. Vous avez préparé un contrat j’imagine, un truc du genre.
-    Grand dieu, non ! – répondit avec émoi l’arbitre. – Imaginez qu’un tel acte tombe entre de mauvaises mains !
-    Mais non Duda. On l’fait à l’ancienne ! – s’esclaffa jovialement Bosk. – Avec un tope-là ! Un gentleman’s agreement, comme disent les albionnais.
-    Faut que j’réfléchisse. – indiqua l’entraineur halfling, une note d’inquiétude dans la voix, essayant de trouver une solution au guêpier dans lequel il venait de se fourrer. – Donne-moi cinq minutes Bosk. De toute façon, faut que j’aille pisser. Sont où, tes chiottes dans ton taudis ?
-    Va pisser, mon vieux. – tonna Bosk en riant, tout en désignant de la main la direction des toilettes. – Parait que les meilleures idées viennent sur le trône !


***

-    Bordel, quelle plaie ! – grognait Duda, alors qu’il se soulageait dans des cuvettes en étain, étonnamment propres pour un endroit tel que celui dans lequel il eut la mésaventure de mettre les pieds ce matin.  – Qu’est ce qui m’a pris de venir dans ce trou d’paumés, sérieux ?! J’suis vraiment un connard de première !

Il ne décolérait pas. Cette enflure salace de Bosk lui avait joué un sale tour et l’avait conduit dans un vrai guet-apens dont il aurait du mal à sortir. Il l’invitait ouvertement à la tricherie, aussi menue soit-elle, mais une véritable tricherie. Certes, il ne lui avait pas proposé de truquer le score du match, encore heureux ! Ils risquaient le bannissement de la Ligue pour cela, et Duda ne l’aurait jamais accepté. Le plan était bien plus retors et préparé avec malice. Il devait se l’avouer, ce grand filou de Bosk avait bien préparé son coup. Il craignait manifestement le Real Boitar, cela ne faisait aucun doute. Les Inguiz Titi avaient déjà subi pas mal de méchants coups de la part des autres équipes, et la fin du championnat approchant, Bosk voulait visiblement emmener une équipe au grand complet – et sans blessés – en play offs. Or, le Real Boitar constituait certainement une épine, une dangereuse inconnue, dans la stratégie parfaitement huilée des Inguiz Titi. La notoriété de l’équipe halfling n’était plus à faire et tous les spécialistes connaissaient sur le bout des doigts le jeu retors du Real Boitar. Peu d’adversaires s’en sortaient indemnes face aux joueurs de Duda, et un entraineur aussi expérimenté que Bosk ne pouvait se permettre de négliger le moindre détail face à une équipe – aussi menue et chétive soit-elle – mais dont l’agressivité constituait l’arme principale. Et il disait apprécier le Real Boitar… Tu parles ! Il avait surtout peur de voir ses petits pervers de nains quelque peu abimés après la rencontre !

C’était la raison pour laquelle il avait échafaudé ce plan machiavélique. Il avait vraiment pensé à tout, le père Bosk. Un plan de jeu dont il serait difficile, voire impossible, de prouver la supercherie, un arbitre corrompu, certainement deux ou trois pates graissées par-ci, par-là, et le tour était joué. Surtout que, se disait Duda, cette enflure barbue était sûre du résultat. La supériorité athlétique de ses joueurs était flagrante. Il y avait peu de risques qu’un accident arrive pour les Inguiz Titi, et il était à peu près certain qu’ils allaient remporter la rencontre. Il fallait juste que leur entraineur s’assure que ses gars s’en sortent sans égratignure. Or, ça, seul Duda pouvait le lui garantir. Et le Real dans tout ça ? Putain, cela mettait Duda en rage mais, par les mille enfers, Bosk avait raison. Les halflings risquaient de passer une mauvaise heure, une très mauvaise heure sur le terrain si Duda n’acceptait pas la proposition. Or, connaissant les rase-mottes qui lui servaient de joueurs, le coach savait pertinemment que ceux-ci allaient accepter les bras ouverts l’offre qui leur était faite.  Pouvait-il les blâmer pour cela ? Ils risquaient leur fragile peau à chaque instant passé sur une pelouse de Blood Bowl. Le fait qu’ils aient survécu, en grande majorité, jusqu’à là tenait d’un petit miracle, à vrai dire. Quelque part, Duda les respectait surtout pour cela, pour leur abnégation, pour leur pugnacité, pour leur témérité et leur détachement face au danger de mort qui les guettait constamment. C’étaient des braves petits gars, le coach les aimait – il se l’avouait même si ça lui en coûtait d’aimer de telles têtes de mules oisives – et ils méritaient bien qu’on fasse tout pour les protéger, même si cela devait passer par une petite entourloupe, aussi inoffensive soit-elle…

-    Hé ! Pssst ! – une voix enrouée et criarde sortit Duda de ses pensées lugubres alors qu’il finissait de se soulager dans la cuvette en étain. Il sursauta d’étonnement, cherchant désespérément de trouver l’origine de cette voix étrange. Il jeta des regards circonspects tour autour de lui, leva les yeux, tourna la tête autant que lui permettait sa position inconfortable, mais dut constater avec dépit qu’il n’y avait personne autour de lui.
-    Y’a quelqu’un derrière la porte ? – cria le coach, interloqué et quelque peu inquiet. – Qui êtes-vous, bordel ?!
-     Ici, plus bas. – reprit la surprenante voix. – Baisse les yeux, ducon !
Duda s’exécuta et son regard tomba sur une pile de rouleaux de papier toilette, entassés près de la cuvette.
-    Y’a quelqu’un là-dessous ? – demanda-t-il avec émoi en secouant les dernières gouttes d’urine et en remontant ses chausses.
-    Mais non, gros blaireau ! – reprit la voix nasillarde. – C’est moi qui te parle !
-    Qui moi, merde ?! – jura Duda avec agacement.
-    Moi, l’papier !
-     De quoi ! J’ai bu ou quoi ?! – s’étonna le coach en saisissant le rouleau posé sur le dessus de la pile et en le portant à ses yeux. Il fut fort étonné de constater que celui-ci semblait s’agiter dans sa main et lorsqu’il le retourna, il écarquilla le yeux et poussa un juron salace en apercevant un visage se dessiner sur le motif du papier.
-    Qu’est ce que c’est que ça, putain ! – pesta de nouveau l’entraineur. – T’es quoi toi, démon !
-    J’suis pas un démon, idiot ! – répondit le rouleau. – Je suis un dragon !
-    De quoi ? Un dragon ?! – répondit vivement le coach la mâchoire serrée. – Tu t’fous d’ma gueule ? T’es qu’un bout d’papier !
-    N’importe quoi ! – protesta le rouleau sur un ton offensé. – Je suis du bois-sorcier, moi ! J’étais destiné à devenir un magnifique dragon, voire une majestueux voilier voguant sur les mers, mais…
-    Mais t’es un majestueux torche-cul. – le coupa le coach avec dérision.
-    Bâtards d’humains, oué ! – protesta vivement le rouleau de sa voix haut perchée. – J’étais un cocon tranquille, j’abritais un dragon, j’attendais juste qu’il soit couvé bien comme il faut. Et puis ces connards sont venus et ils m’ont emporté ! Puis ils m’ont débité en planches ! Si seulement ils m’avaient transformé en nef, j’aurais été content, même en vulgaire barque fluviale, j’aurais accepté à la limite. C’était trop demander ! Mais non, il a fallu qu’une enflure m’achète pour faire du papier de toilette avec ! Enculé ! – pesta avec tristesse le rouleau.
-    Super histoire, mais j’m’en fous. – répondit le coach consterné. – J’dois vraiment avoir inhalé des trucs pas nets ici, mais j’parle à un papier-cul.
-    A du bois-sorcier ! – protesta une nouvelle fois le papier magique.
-    Enfin, bref, tu m’veux quoi, « dragon » ? – railla celui-ci le coach.
-    C’est toi Duda ? – l’interrogea alors le rouleau sur le ton de la confidence.
-    Oué, et alors ? – répondit l’entraineur soudain intéressé.
-    Alors, j’ai un truc qui pourrait t’intéresser. Des informations. Mais j’veux quelque chose en échange. – répliqua le papier enchanté.
-    Quelles informations ? – s’étonna Duda. – Et tu veux quoi ?
-    Juste que tu me sortes d’ici. – indiqua le rouleau, la voix implorante. – J’en peux plus d’rester ici. C’est pas une vie. J’passe mon temps à perdre des parties de moi-même qui finissent sur les gros culs dégueux de ces pervers. Ca m’donne la gerbe. C’est de la torture ! Faut que tu m’aides !
-    Et après ? – demanda le coach, soupçonneux.
-    Et après, rien. – indiqua le rouleau. – Tu me poses dans un endroit tranquille où personne ne pourra me toucher. Un endroit paisible, et sec naturellement, où il se passe des choses, que je ne m’ennuie pas, avec des filles qui passent, de préférence, tu vois le genre d’endroits…
-    Un bordel quoi. – répondit l’entraineur, la voix consternée.
-    Par exemple, oué. Un bordel, ce serait bien. – confirma le papier magique.
-    Et ces informations alors ? – le questionna Duda.
-    Tu me promets ? – insista le rouleau.
-    Promis. – soupira le coach, excédé. – Alors ?
-    Alors, tu vas te faire avoir en beauté, mon grand ! – affirma théâtralement le bois-sorcier.
-    Comment-ça ? – s’étonna de nouveau l’humain.
-    C’est toi Duda. – expliqua d’une voix plus posée l’étrange papier. – Or, j’ai entendu tout à l’heure le tenancier du rade, le barbu-là…
-    Bosk. – précisa le coach, devenu tout à coup plus sérieux.
-    Oué, lui-même. Je l’ai reconnu par sa voix. – confirma le rouleau. – Je l’ai entendu parler près des lavabos avec un autre gars qui s’exprimait tout doucement, très lentement, et posément. Avec une voix légèrement rocailleuse. Ils s’mettaient d’accord sur un plan.
-    Un plan ? – s’étonna de nouveau l’entraineur, qui commençait à sentir des picotements inquiétants lui remonter le long de l’échine.
-    Oué, un plan. – riposta l’objet magique, toujours sur le ton de la confidence. – Ils ont dit qu’ils allaient t’entuber bien en beauté. L’boss du coin, il promettait à l’autre une belle somme, genre cent mille pièces d’or. En échange, il voulait que celui-ci ferme les yeux sur le massacre que ses petits protégés allaient commettre sur des petits cons d’halflings. Ca te dit quelque chose ?
-    Oh putain oué, ça me dit quelque chose ! Bordel ! – un rictus mauvais se dessina sur le visage de l’entraineur alors qu’il jurait. Il projeta violemment le rouleau contre le mur et sortit en hâte de la cabine de toilettes.
-    Hé ! Et moi ?! – cria désespérément le rouleau. – T’avais promis, salaud ! Putain, quels bâtards ces humains ! Aucune parole ! Merde !


***

En revenant dans la grand-salle, Duda dut faire un effort considérable pour calmer ses nerfs. Il expira bruyamment plusieurs fois et ferma les yeux quelques secondes, en s’appuyant contre le mur, afin de faire descendre l’adrénaline. Par un très heureux, et surprenant hasard, il venait d’apprendre qu’il était sur le point de se faire avoir, de tomber dans un satané piège, lui et son équipe, un forfait perpétré malicieusement par ce vicieux de Bosk et son inquiétant complice. Mais que pouvait-il faire ? Il ne fallait surtout pas qu’il montre qu’il avait flairé l’appât. Il devait faire semblant et jouer la comédie, sinon ça risquait de mal se passer. Il ne fallait pas qu’il oublie qu’il se trouvait dans une auberge fermée, remplie d’une douzaine de guerriers nains patibulaires. Un mot de travers… Valait mieux pas y penser. Il devait sortir de ce merdier le plus vite possible et faire croire qu’il acquiesçait à tout ce que ces deux saligauds lui proposaient. Et ensuite ? Ensuite, il aviserait. Il trouverait bien un plan, comme toujours. Et il se vengerait. Oh, il se vengerait, oui. Mais d’abord, il devait se ressaisir. Il revint donc vers la table d’un pas lent, les yeux mi-clos et le visage serré. Son attitude fermée n’échappa naturellement pas à ses deux interlocuteurs.
-    Alors, Duda ? T’as réfléchi ? – le questionna Bosk, d’une voix faussement naïve. – T’as pas l’air bien. Ca s’est mal passé aux chiottes ou quoi ?
-    Ca va, mon vieux. – répondit le coach, accablé. Désormais, il voyait clairement dans le jeu de son futur adversaire. Tout n’était que tromperie. Depuis le début. Comment avait-il pu se laisser aussi facilement berner ? Il avait relâché son attention. Il se faisait moins méfiant. C’était pathétique. Pathétique et dangereux, surtout dans le cadre de la Lutèce Cup, où chaque entraineur, chaque adversaire ne vous voulait que du mal.
-    Et donc ? – l’interrogea le gnome d’une voix calme mais qui laissait néanmoins paraitre un empressement certain.
-    J’ai bien peur de ne pas avoir le choix. – répliqua Duda en feignant le fatalisme. – C’est trop tentant, Messieurs, pour refuser. Même s’il m’en coûte. Mais à une seule condition. Faut que tu m’promettes, Bosk, que tes nains se tiendront tranquilles avec mes gars. Pas de coups fourrés, de gestes obscènes ou autres conneries dont ils sont capables, tes enflures lubriques.
-    Ah, mais ce serait aller contre leur nature ! – tenta de protester son homologue barbu. – Ce n’est pas ma faute s’ils sont ce qu’ils sont !
-    C’est la seule condition, Bosk ! – tempêta l’entraineur halfling. – A prendre ou à laisser.
-    Bon, d’accord. Tope-là, alors ! – sourit avec joie son collègue nain en lui tendant la main. – T’es un mec bien, Duda. Je le savais !
-    Tope-là, oui. – riposta l’entraineur du Real Boitar en serrant longuement et fermement les grosses paluches de Bosk. – Cent mille pièces d’or, alors, Monsieur Petitdoigt ?
-    Exactement. – confirma l’arbitre, un sourire aux lèvres dessiné sous la fine moustache.
-    J’peux avoir confiance en vous ? – demanda laconiquement Duda.
Un éclair d’étonnement apparut tout à coup dans les yeux du gnome. Il se figea un court instant, puis reprit, comme si de rien n’était, sur le ton de la plaisanterie :
-    Vous ne devriez jamais avoir confiance en moi, Messire Duda.
-    Ha ! Très drôle ! – s’esclaffa Bosk, tout hilare, ne s’étant visiblement pas aperçu de l’échange de regards entre ses deux interlocuteurs. – Il est drôle, notre arbitre, non ?
-     Oui, effectivement, très drôle. – répondit le coach halfling sur un ton neutre, jetant un coup d’½il malicieux à Petitdoigt. Il serra également la main fluette du gnome. – Bien, si on est d’accord, vous m’excuserez, j’ai du pain sur la planche maintenant.
-    Tu veux pas rester pour déjeuner ? – lui demanda Bosk sur un ton affable. – On fait un p’tit brunch, les gars et moi…
-    Sans façon Bosk. Merci de l’invitation. – s’empressa de répondre Duda. – Faut que je prépare mes gars à ce qui va se passer.
-    Naturellement…. – conclut l’arbitre de manière énigmatique, un léger sourire toujours sur les lèvres.

Duda s’empressa de quitter l’auberge. Il ne décolérait pas. Il avait réussi à calmer ses nerfs jusque-là, mais désormais la rage montait de nouveau en lui. L’adrénaline déferlait à nouveau dans ses veines tel un torrent infernal et ses tempes se mirent à pulser violemment, faisant saillir les veines de son cou.
-    Bâtards ! Mais quels enfoirés ! Vite, il m’faut un plan, sinon, on est morts.
Puis il repartit, seul – avec ses idées noires et ruminant de lugubres pensées – aspiré, happé, par l’immense vortex de l’agitation citadine, le soleil matinal réchauffant son dos endolori et projetant son ombre longiligne sur les pavés usés du macadam.

Il ne s’était pas donné la peine de s’essuyer les mains en sortant des toilettes…


***

La forêt endormie bruissait d’une multitude de sons étranges et mystérieux, rendant l’atmosphère ambiante quelque peu inquiétante. La lune brillait puissamment de son illustre aura, au milieu d’un ciel dégagé et vierge de tout nuage. Elle projetait un éclat argenté sur les environs, éclairant d’un halo de mystère la futaie, comme dans un tableau idyllique d’un songe d’une nuit de printemps. Deux individus venaient d’apparaitre aux abords d’une clairière tapissée de hautes herbes et parsemée de colonies de chanterelles, au milieu de laquelle se dressait un unique vieil arbre, au branchages biscornus et au tronc usé, dont l’ancestrale écorce était recouverte de mousse et de polypores. Les deux visiteurs s’approchèrent avec méfiance de celui-ci, jetant des coups d’½il inquiets aux alentours.

-    Z’êtes sur qu’il s’agit de lui ? – chuchota d’une voix écorchée l’un des visiteurs, emmitouflé dans une houppelande grise élimée, une large capuche couvrant le haut de son visage émacié.
-    Puisque j’vous dit qu’on est au bon endroit, par les mille abysses ! – protesta son compagnon, un vieillard à la barbe hirsute et à la face rubiconde, vêtu d’une robe rapiécée d’un vert maladif. – La guilde m’a bien indiqué le chemin.
-    La guilde ! Ha, j’vous jure. – râla avec verve le premier individu. – Pour ce qu’elle me coûte, c’te bande de saltimbanques corrompus !
-    Comment ça ? – s’étonna son compère plus âgé. – Les émoluments sont pourtant fixés selon un barème tout ce qu’il y a de plus officiel, équitable et juste.
-    Non mais, qu’est-ce qu’il faut pas entendre, j’vous l’demande. – continua sur le même ton le premier personnage. – Trois cent mille pièces d’or pour un vieux tronc vous trouvez ça juste peut-être ? J’t’en foutrais de l’équitable, à coups d’pied dans l’fion, oui !
-    Taisez-vous, nom d’une couette ! – l’houspilla le vieillard. – C’est pas l’moment de protester. Personne ne vous a forcé de la dépenser, cette somme.
-    Conneries. – siffla l’encapuchonné. – Z’en savez rien, l’vioc’. J’vous dit qu’on a pas l’choix, il nous la faut c’te vieille branche, sinon on est morts.
-    C’est votre problème, pas le mien. – affirma avec philosophie l’individu barbu. – C’est vous l’entraineur, pas moi.
-    Ah oué ? Faites gaffe, Robert ! – jura le coach. – Parce que, ça peut devenir vite votre problème aussi. Très vite même. Vous avez pas intérêt à vous rater, cette fois-ci !
-    Je ne me suis pas raté la dernière fois ! – protesta vivement le dénommé Robert. – C’était un malentendu entre nous sur la destination du sort. Vos indications n’étaient pas claires, je vous l’avais pourtant déjà expliqué !
-    Ca suffit ! – l’interrompit vivement son compère alors qu’ils s’arrêtaient au pied de l’immense arbre esseulé. – Faites votre boulot maintenant. J’ai pas payé cette montagne de pièces d’or pour rien.
Ils levèrent alors de concert les yeux vers le haut du tronc du chêne ancestral, donc le feuillage clairsemé semblait chanter sous l’effet de la légère bise nocturne. Ils étaient seuls dans la clairière, mais la forêt alentour paraissait vivante. Ils se sentaient épiés, guettés, comme si des forces mystérieuses de la nature environnante voulaient s’insérer au plus profond de leurs c½urs et scruter la pureté de leurs âmes. L’immense arbre ancien se dressait devant eux, impressionnant dans son impénétrable splendeur, et projetait sur les deux individus son imposante et inquiétante ombre. Des fourmillements coururent le long de l’épine dorsale de Duda, alors qu’il avisait la vieille écorce abîmée du gardien sylvestre. Il lui semblait ressentir le flot puissant de la vie battre à l’intérieur du tronc colossal, mais l’arbre demeurait immobile, impassible. Il pivota la tête et tenta d’observer l’orée du bois toute proche, mais ne décela aucune forme, aucune lumière, aucun mouvement. Pourtant, la forêt vivait.

-    Dépêchez-vous maintenant ! – dit-il rapidement à de son compère, une note d’inquiétude dans la voix. – Finissons-en.
Le visage du vieux magicien se crispa, alors que ce dernier prenait une mine sévère. Il redressa la tête tout en tirant de de besace qui pendait sur son flanc un étrange bâton de bois, peint de mystérieux symboles occultes et auquel étaient attachés plusieurs colifichets cabalistiques. Il le dressa au-dessus de sa tête dégarnie puis le pointa en direction du vieil arbre. Soudain, les bruissements étranges se firent plus forts dans les bois sombres et un vent violent se leva tout à coup, faisant voleter les frusques des deux voyageurs. 
-    Par la Grâce d’Isha ! – l’homme entonna une mélopée puissante et énigmatique sous le regard surpris de son camarade. – Je fais appel à toi, ô vénérable ancien, gardien de la sylve et protecteur d’Orion ! Entends mon appel et réveilles-toi, puissant parmi les puissants, père parmi les pères, seigneur de la forêt ! Je fais appel à ton pouvoir ancestral ! Ressens la colère de Kurnous affluer en toi et viens en aide à tes enfants éperdus ! – il continua la prière en gesticulant de manière étrange et en effectuant d’amples arabesques avec le bâton qu’il tenait dans une main, alors que de l’autre, il dessinait dans le vide des signes magiques alambiqués.
-    Qu’est ce que c’est que ce charabia ? – hoqueta le coach en haussant les sourcils d’étonnement. – C’est quoi tout ce cirque ?
-    Taisez-vous, j’vous dit ! – le vilipenda le sorcier en tournant légèrement la tête. – J’essaye de me concentrer.
-    Mais y’a besoin d’faire tout ça ? – s’étonna son compère. – Genre faut lancer un sortilège spécifique pour réveiller l’homme-arbre, sinon y’a un démon qui va surgir des enfers et nous dévorer ? J’ai jamais fait ça avec Grisfêne ou Cendrechêne.
-    En réalité, non. – affirma calmement le vieillard en cessant tout à coup ses gesticulations.
-    Alors bon dieu, à quoi ça sert que vous bougiez votre derch’ comme un pantin ridicule en psalmodiant des prières à la noix ! – ragea de consternation l’entraîneur.
Le mage le regarda en faisant la moue et soupira :
-    Vous êtes pas drôle. Laissez-moi faire mon p’tit spectacle. C’est compris dans le prix de toute façon !
-    Mais pourquoi faire, si c’est pas nécessaire ?! – protesta avec véhémence Duda.
-    C’est peut-être pas nécessaire mais ça fait bel effet. – expliqua son compagnon sur un ton professoral. – L’ambiance s’y prête, non ? Tout ce mystère, cette magie du moment, l’aura énigmatique des environs, faut coller à l’atmosphère ! Se mettre d’équerre. Sinon…
-    Sinon quoi ?! Hein ?! – aboya le coach.
-    Sinon, ba, rien. – concéda avec tristesse Robert. – J’voulais juste mettre un peu d’ambiance…
-    J’t’en foutrais de l’ambiance moi ! – hurla le coach en retour. Réveillez-le, bordel de merde !
-    QU’EST-CE QUE VOUS ME VOULEZ, HUMAINS ! – gronda soudain, tel un puissant tonnerre, une voix caverneuse, faisant sursauter d’effroi les deux camarades. – QUI OSE ME SORTIR DE MON PLAISANT SOMMEIL ?!
Le vieux tronc grinça effroyablement en pivotant légèrement sur lui-même. Puis, des fissures apparurent dans l’écorce de l’arbre et s’élargirent rapidement, faisant surgir deux yeux cadavériques, brillants d’un éclat jaune pâle. Enfin, une large fente se dessina dans le tronc et s’ouvrit sur une immense gueule caverneuse, remplie d’échardes coupantes, et qui exhala une odeur pestilentielle d’humus en décomposition. L’homme-arbre fixa intensément les deux visiteurs, dardant méchamment sur eux de ses prunelles globuleuses. Chaque mouvement du gardien ancestral était accompagné de grincements d’écorce de couinements atroces, dont le bruit faisait mal aux dents et mettait les nerfs des deux humains à rude épreuve. Le premier à se ressaisir fut Robert, qui sortit de sa stupeur en s’inclinant profondément devant le vénérable arbre.
-    Pardonnez notre offense, ô puissant Racine. – dit-il dans un ton implorant, la tête baissée et le regard tourné vers le sol. – Nous ne voulions aucunement vous offenser et si nous daignons rompre la quiétude de votre repos, c’est que nous avons grandement besoin de votre inestimable aide, ô seigneur vénérable…
-    Des nains. – intervint tout-à-coup l’entraineur, sans crier gare.
-    QUELS NAINS ? –  demanda avec véhémence l’homme-arbre. – JE HAIS LES NAINS ! ILS DETRUISENT LES FORÊTS !
-    Arrêtons ce cirque. On va pas tourner autour du pot pendant mille ans. – lui répondit de manière loquace le coach Duda. – Tu vas être content, Racine. On t’embauche pour taper des nains. Des méchants nains.

***


Pourquoi les Nains ont la bière et les Elfes la magie ?
Parce que les Nains ont choisi en premier...

Hors ligne

 

#175 02-04-2019 11:08:12

Duda
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Re: ANNONCE

Une étrange confrontation eut lieu ce soir aux arènes de la Lutèce, qui vit s’affronter les redoutables et les redoutés nains de Bosk de la malsaine et lubrique équipe des Inguiz Titi, aux célèbres et opiniâtres, mais néanmoins rachitiques, halflings du Real Boitar. Une réelle opposition de styles et de carrures dans le cadre d’une lutte fraternelle entre des joueurs si proches et pourtant si éloignés, tant culturellement que physiquement ! Face aux vaillants semi-hommes se présentait en effet l’une des pires bandes de vicieux dépravés que l’univers du Blood Bowl, et surtout la Lutèce Cup, aient pu jamais engendrer. De véritables machines de guerre, combattants hors-pair, forniqueurs indéfectibles et performeurs onaniques, aux muscles saillants et aux corps huilés, adoptant des poses lascives et aguicheuses face à un public stupéfié autant que consterné. Avec une telle différence de gabarit et de puissance physique, la bataille promettait son lot d’hémoglobine, d’os brisés et de râles d’agonie. Il n’en fut pourtant rien, au grand dam des supporters venus en très grand nombre assister à ce qui s’annonçait pourtant comme une confrontation majeure de la saison. Ces derniers repartirent pourtant frustrés du stade, déçus de la prestation offerte par les deux équipes et furibonds contre des décisions arbitrales plus que douteuses.  Mais était-ce le respect mutuel, l’amitié qui liait les haflings et leurs grands-cousins nains, ou bien autre chose, nul ne saurait le dire vraiment, quoi qu’il en soit, il est certain que les deux équipes semblèrent ne pas donner la pleine mesure de leurs moyens durant la première mi-temps de la rencontre, comme si elles s’étaient entendues mutuellement sur le déroulement du match.

Bien que débutée dans une ambiance surchauffée, avec un public gonflé au maximum, la rencontre peina à véritablement démarrer.  Les premières minutes furent en réalité une parodie de Blood Bowl, durant laquelle l’équipe des Inguiz Titi contrôla paisiblement le ballon, sans être inquiétée d’aucune mesure par des joueurs halflings cherchant avant tout de se mettre à l’abri du moindre coup de poing nain, et se désintéressant totalement et irrémédiablement de la balle. Les nombreuses ½illades que se lançaient les coachs des deux équipes ne pouvaient que confirmer les pires craintes, les joueurs affichant manifestement une envie plus que douteuse pour le combat. Chose tout autant étrange, sinon plus étrange encore, était le comportement des nains de Bosk, lesquels – contrairement à leurs habitudes abjectes – se comportaient de manière tout à fait respectable, évitant toute provocation, geste aguicheur ou comportement salace avec les halflings du Real Boitar.

Le match devenait en réalité ennuyeux, voire soporifique, et des sifflets descendaient de manière de plus en plus fréquente des gradins, alors que les deux équipes semblaient ne pas vouloir en découdre et évitaient tout contact un ne peu trop violent avec leurs adversaires. Si une telle attitude pouvait se comprendre pour des halflings frêles et fragiles (encore qu’elle fut étonnante pour les joueurs du Real Boitar, pourtant réputés pour leur pugnacité et leur combattivité), ce comportement était plus que surprenant pour les nains de Bosk, deux fois plus physiques que leurs adversaires du soir. Pourtant, c’est à un surprenant match qu’assistaient les spectateurs du soir, durant lequel l’équipe naine se concentrait plus sur son étonnant jeu de passes que sur l’impact physique qu’elle eut pu exercer sur leurs rivaux. Et à voir les sourires radieux des deux coachs (quoi que celui de l’entraineur halfling paraissait quelque peu crispé), il était aisé de deviner que la situation sur la pelouse satisfaisait tous les belligérants du soir. 

Fort heureusement pour le public, mais au grand dam du coach Duda, la situation changea diamétralement et la rencontre devint tout-à-coup bien moins soporifique, lorsque en l’espace de quelques minutes à peine, l’arbitre du match – le célèbre et craint Peter le Bailli, affublé également du sobriquet peu flatteur de « Petitdoigt » (d’aucuns diront que ce surnom n’avait aucun rapport avec la taille menue de ses mains) – expulsa sans ménagement et d’une façon plus que douteuse deux joueurs du Real Boitar, pour des prétendues fautes qui, de l’avis de tous, n’en étaient manifestement pas. Ce fut tout d’abord Lorel Bonvin, réputé certes pour son agressivité et son jeu à la limite des règles, qui subit le courroux de l’homme en noir, alors qu’il venait de trébucher de manière non intentionnelle, dans le feu de l’action sur un joueur nain au sol, et ce sans violence aucune. L’arbitre siffla pourtant une faute et renvoya le pauvre Lorel aux vestiaires, sous les huées de la foule et sous le regard médusé de l’entraineur du Real Boitar. Mais la stupeur de ce dernier se mua en consternation et colère lorsque, deux minutes plus tard, ce fut au tour de Sherlock Vertecuillère, le fantasque vétéran halfling, d’être expulsé par le véhément Peter le Bailli, alors même que le prétendu coupable semblait lui-même victime d’un croche-pied de la part d’un adversaire. L’arbitre y décela pourtant – au grand étonnement du public et de l’ensemble des suiveurs du match – une faute du joueur du Real Boitar et décida également de jeter ce dernier hors de la pelouse ! Sur son banc, l’entraineur de l’équipe halfling demeurait pantois, comme paralysé, une froide colère se lisant dans son regard. Puis, soudainement, il se leva de son banc et se dirigea vers la zone technique adverse, cherchant visiblement une explication virile et franche avec son homologue nain, lequel souriait béatement et feignait assez mal une incompréhension benoite. Il fut stoppé par plusieurs officiels qui le saisirent vertement et le renvoyèrent dans sa propre zone de touche. Toute cette situation réveilla un stade qui, jusque lors s’ennuyait fermement, et les injures, quolibets et autres noms d’oiseaux commencèrent à pleuvoir des gradins, dirigés en grande majorité à destination de l’arbitre du match. Ce dernier resta imperturbable, un sourire narquois dessiné sur les lèvres.

Le comportement étonnant de l’homme en noir et les sourires que celui-ci échangeait avec le coach nain envenimèrent la situation qui explosa littéralement en quelques secondes, tel un baril de poudre noire. Manifestement agacé par le sort réservé à son équipe du soir, Racine Dutronc, l’homme-arbre star recruté par le Real Boitar, entra en action. Décidant indubitablement qu’il était las de cette parodie de Blood Bowl - Cela suffisait ! Il n’avait certainement pas été recruté pour la beauté de son feuillage, ou pour amuser la galerie – il fit soudainement une démonstration détonante de sa toute-puissance. Il saisit de ses branchages acérés Ryan Idol – un bloqueur des Inguiz Titi, et l’écrasa contre la pelouse, pesant de tout son poids ancestral sur l’abdomen de son malheureux adversaire. Ce dernier beugla un court instant tel un possédé, puis vomit tripes et sang alors que ses intestins étaient réduits en bouille sanglante sous la pression colossale d’un homme-arbre enragé. Le courroux de Racine n’avait cependant pas de limites. Il leva la dépouille flasque et sans vie du bloqueur nain, et le projeta en direction du banc de touche des Inguiz Titi, sous les lamentations et pleurs de l’entraineur de ceux-ci.

Le match prit alors une nouvelle tournure car les halflings se jetèrent avec toute l’agressivité dont ils étaient capables sur leurs adversaires, bien aidés en cela – avouons-le – par les trois hommes-arbres qui composaient le front de leur défense. Pendant de longues minutes, ce fut une chasse au nain qui était ouverte sur la pelouse. Chose étonnante mais vraie, les nains de Bosk n’arrivaient pas à imposer leur supériorité physique sur leurs cousins plus frêles et le rapport de forces semblait comme inversé. Se désintéressant complètement du ballon, les joueurs du Real Boitar cherchèrent à attraper, à mettre au sol, et à blesser, le plus possible de nains. Malheureusement pour eux, et fort heureusement pour le coach Bosk, leurs tentatives s’avérèrent vaines, et ce d’autant plus que l’homme en noir veillait. Juste avant la mi-temps, Peter le Bailli décida d’une nouvelle expulsion, en la personne d’Afka Finroseau, ce dernier s’étant soi-disant rendu coupable d’une agression sur un adversaire au sol. Toutefois, les images glanées sur les services de Cabalvision donnèrent une nouvelle fois tort à l’arbitre du soir, dans la mesure où la prétendue faute consistait en réalité en un blocage tout ce qu’il y avait de plus réglementaire. Cependant, l’arbitre n’en voulait pas démordre et le joueur du Real Boitar dut quitter ses camarades pour le reste de la rencontre, au grand dépit de l’ensemble de leurs fans et surtout de leur entraineur qui ne décolérait pas.

La mi-temps s’achevait donc dans le chaos le plus total et, voyant la situation pourrir au milieu du terrain, le coach Bosk ordonna à ses joueurs de marquer le premier touchdown de la rencontre, ne laissant aux halflings que quelques ultimes secondes pour tenter d’égaliser.

Mais la rage manifeste qui habitait les joueurs du Real Boitar du fait des décisions arbitrales incompréhensibles qui touchaient leur équipe, donna des ailes aux halflings pugnaces. Le cuir botté par Nicky Crane – le coureur nain – tomba aux pieds du capitaine halfling. Ce dernier s’en saisit lestement et le public put alors constater qu’il s’agissait d’un ballon à pointes, très acérées qui plus est ! Les Inguiz Titi décidèrent visiblement de jouer de manière vicieuse, ce que – au grand dam du coach Duda - l’arbitre sembla complètement ignorer. Quoi qu’il en soit, malgré cette énième vilenie des nains, Tholot réussit à sprinter avec la gonfle et à la transmettre à son compère Posho Lamirtille, bien à l’abri derrière les trois hommes-arbres de l’équipe. Il ne restait plus qu’à Cendrechêne de se saisir du halfling chétif et à le projeter vertement en direction de la zone d’en-but adverse !

Et le coup réussit !

Posho ne dévia pas de sa course dans les airs, vola le poing bien tendu, le ballon calé contre sa poitrine, puis atterrit avec agilité sous les vivats d’une foule en liesse. Il courut vers la ligne de touchdown, esquiva les tentatives de plaquage de deux de ses adversaires, se faufila entre leurs pieds et leurs bras velus, bondit vers l’avant et… finit sa course dans l’en-but des Inguiz Titi au moment où retentissait le coup de sifflet de l’arbitre. Le Real Boitar venait d’égaliser à la toute dernière seconde de la première mi-temps. Contre toute attente, et manifestement en dépit des agissements malvenus de la part du corps arbitral, les halflings égalisaient et ne s’avouaient aucunement invaincus. Mieux encore, ils allaient attaquer en seconde mi-temps, alors que le panneau du score du stade affichait une égalité incroyable, sur laquelle personne n’avait osé parier avant la rencontre !

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Sur son banc, le coach Bosk suait à grosses gouttes, visiblement mal à l’aise. Il ne s’attendait pas à un tel retournement de situation. Son équipe était en mauvaise posture dans la mesure où le match allait reprendre dans une infériorité numérique pour les Inguiz Titi, lesquels s’attendaient à devoir vendre chèrement leur peau face à des halflings furibonds et remontés et à trois hommes-arbres déchainés. Bosk criait donc des invectives à ses joueurs et semblait donner des directives à l’attention de Peter le Bailli, lequel, le visage crispé et le regard noir, tournait la tête de dépit.

De l’autre côté de la pelouse, Duda fulminait. Il avait bien compris que les deux affreux lui préparaient un coup fourré. Il avait portant été prévenu de cela par – chose plus qu’improbable – un rouleau de papier magique. Toutefois, il ne s’était pas attendu à cela. Se faire expulser des joueurs pour des fautes non commises était une bassesse qu’il ne pouvait accepter. Ce saligaud de Bosk et cette engeance putride d’arbitre s’étaient joués de lui de manière plus qu’odieuse, attrapant l’équipe du Real Boitar à son propre piège. Certes, la réputation des halflings n’était pas à faire. Certes, ils adoraient le jeu vicieux, ils excellaient même dedans. Mais Duda avait donné sa parole, ses joueurs n’allaient pas agresser leurs cousins, et ces derniers avaient également tenu parole en ne blessant aucun des semi-hommes. Bosk demeurait à première vue au-dessus de tout soupçon. Mais, malin comme un lynx, il chargea manifestement l’arbitre de faire la sale besogne. Le pire était que Duda ne pouvait ordonner à ses joueurs de changer de stratégie. L’agression n’était pas concevable, et pour deux raisons. D’une part, parce qu’à la moindre agression, Bosk allait certainement ordonner à ses joueurs de mettre plus d’impact dans leur jeu, et la santé des halflings risquait fort d’en pâtir. D’autre part – et c’était le pire – parce que les crampons des joueurs du Real Boitar avaient été émoussés et qu’ils n’ont pas ramené de chaussures de rechange !

La seconde mi-temps commença donc, étrangement, comme la première, les deux équipes feignant de jouer au Blood Bowl, mais évitant surtout tout contact un ne peut trop virulent. Malgré tout, Calben Drupoil, qui s’était saisi du ballon, progressa lentement et, protégé par plusieurs joueurs et les hommes-arbres, investit le milieu du terrain. Il ne fallait toutefois pas oublier que les halflings rencontraient ce soir des nains, des adversaires coriaces, physiques et puissants, et qui étaient, par-dessus le marché, une des meilleures équipes du championnat. Et les Inguiz Titi démontrèrent alors qu’il était irréfléchi de les prendre à la légère.

En quelques instants, ils firent parler leur talent et leur sens de la stratégie. Ils jetèrent plusieurs adversaires au sol et s’infiltrèrent aisément dans la frêle cage halfling, en pressant dangereusement le porteur de la balle. Calben essaya de se dépêtrer du marquage nain et appela plusieurs collègues, afin de lui prêter main-forte alors que le piège se renfermait peu à peu sur lui. Malheureusement – et comme souvent dans ce cas-là – le sort décida de se jouer du Real Boitar, car Hubert Frasigigot, qui tentait d’aider son camarade, ne réussit pas à esquiver le tacle adroit d’un bloqueur adverse et tomba à la renverse sur la pelouse grasse du stade. Il n’en fallait pas moins pour les virulents Inguiz Titi pour passer à l’offensive ! Ils attaquèrent avec véhémence un Calben esseulé et le jetèrent à terre, l’étourdissant littéralement ! Le ballon chut au sol, mais, par chance pour le Real Boitar, Fred Faurtin – le coureur nain – commit une maladresse incroyable en ne réussissant pas à se saisir du cuir, pourtant libre de tout marquage.

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Il restait une chance pour les joueurs halflings de retourner la situation en leur faveur et le coup faillit réussir. Mais il faillit seulement, au grand désespoir du coach Duda. Bien que Tholot chipa la balle sous les pieds du malheureux Fred Faurtin, et qu’il put se mettre à l’abri, protégé par Racine Dutronc et Cendrechêne Boisnoir, il n’était pas donné au Real de jouir d’un trop-plein de réussite ce soir !

En effet, alors que les halflings se sentaient à l’abri de tout danger imminent, un nouveau fait de match improbable vint hautement perturber la stratégie mise en place par le coach Duda. Ainsi, aux prises avec un bloqueur adverse, Grisfrêne le Vif – pourtant irréprochable jusque lors – ne réussit pas à se saisir du nain au torse huilé, lequel lui glissa entre les branches. Le colosse du Real Boitar s’emmêla les racines de telle sorte qu’il chut lourdement au sol, faisant vibrer la pelouse du stade ! Une nouvelle fois, les dieux du Blood Bowl s’acharnaient sur cette pauvre équipe halfling, qui jouait de malchance dans les moments les plus cruciaux du match ! L’occasion était trop belle pour les lubriques Inguiz Titi qui s’élancèrent tels des assoiffés sur le pauvre Tholot, soudain esseulé sur son flanc gauche. Naturellement, le capitaine du Real Boitar tomba sous l’impact virulent d’un blitzer nain, et le ballon fut récupéré – aisément cette fois-ci – par l’opportuniste Fred Faurtin.

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La donne venait de changer, alors qu’ils se trouvaient en position délicate en début de seconde mi-temps, les nains de Bosk venaient d’inverser la vapeur, et ce avec l’aide plus qu’improbable de l’équipe halfling ! Mais ce n’en était pas fini des malheurs de Duda et de ses joueurs. En effet, non satisfait d’avoir fait des siennes en première période, l’arbitre fit de nouveau parler de lui en expulsant, pour la quatrième fois du match, un nouveau joueur halfling ! Ce fut au tour de Séraphin Rosette de subir le courroux de Peter le Bailli, lequel crut déceler – à tort une nouvelle fois comme le prouvent les images de Cabalvision – une agression de la part de la vedette du Real Boitar sur un joueur adverse au sol, alors qu’en réalité le pauvre Séraphin venait de trébucher sur un de ses propres coéquipiers, également au sol et aux prises avec ce même adversaire ! C’en était trop pour l’entraineur halfling, qui beuglait de rage au bord de la pelouse, tapant avec véhémence du poing sur le couvercle d’un caisson en bois. Il cria de nouvelles directives à ses joueurs, lesquels réagirent comme un seul halfling et – se désintéressant une nouvelle fois du ballon – se jetèrent tel un seul halfling enragé sur quelques joueurs nains esseulés.

Le résultat ne se fit pas attendre longtemps et la situation rappela celle déjà vue en première période. Alors qu’une partie de l’équipe des Inguiz Titi protégeait le ballon loin dans le camp halfling, les joueurs du Real Boitar pourchassaient avec fureur les rares nains n’ayant pas réussi à se mettre à l’abri au milieu des leurs. C’est ainsi que Karim Yahoui – le tueur de trolls bien connu pour ses excès de débauche en tous genres – fut entouré par pas moins de quatre semi-hommes furibonds, accompagnés de deux gardiens sylvestres. Il reçut un violent coup de branche de la part de Racine Dutronc qui l’envoya valdinguer le nez dans la pelouse. Les halfings se jetèrent sur lui avec hargne et visant le visage du malheureux nain, mais leurs coups de crampons semblaient n’avoir que peu d’effet sur l’épaisse échine de leur adversaire. Néanmoins, chose étrange, voulant se relever, ce dernier éructa soudain un râle somme tout très théâtral et tomba de nouveau à la renverse dans un geste grotesque, digne des pires comédies burlesques. Feignant une vilaine blessure, Karim demeura immobile, comme frappé par la foudre, alors même que le public et les commentateurs voyaient aisément que rien de méchant ne lui était arrivé. Toutefois, le malicieux Peter le Bailli profita de l’occasion pour siffler une nouvelle faute à l’encontre des joueurs du Real Boitar, et expulsa sans vergogne et sans honte aucune Eggon Vieuxmoulin, pour une supposée faute très loin d’être évidente. Naturellement Karim fut évacué de la pelouse sur une civière, mais il souriait éhontément et agitait sa main en direction d’un public consterné.

Cinq expulsions, pour cinq prétendues fautes qui n’en étaient pas, voilà ce qui semblait un stratagème machiavélique préparé en toute discrétion par le duo infernal d’adversaires du soir – à savoir le coach Bosk et son acolyte qu’était l’arbitre de la rencontre – pour priver le Real Boitar de toute chance de victoire. Et ce plan scandaleux, déshonorant, scabreux, avait manifestement fonctionné à merveille. Alors que les rangs de l’équipe halfling se clairsemaient de par les décisions honteuses de l’homme en noir, il était plus que certain que rien ne pouvait empêcher les Inguiz Titi de marquer leur second touchdown. C’est ce qu’ils firent, tout naturellement, scellant le score de la rencontre dans les derniers instants du match !

Le coup de sifflet final fut suivi par des huées et des injures du public en direction des nains et du corps arbitral. Les spectateurs avaient visiblement du mal à accepter le sort réservé à leur équipe préférée et ne pouvaient supporter l’injustice qui accablait le Real Boitar ce soir. Une parodie de Blood Bowl, voilà à quoi avaient assisté les supporters, parodie rondement orchestrée par Peter le Bailli – arbitre désormais honni par toute la sphère lutécienne. Des ordures, des restes de nourriture, des bouteilles de bière et autres ustensiles de cuisine pleuvaient des gradins sur la pelouse, de telle sorte que l’homme en noir dut être rapidement évacué du terrain par le service de sécurité. La foule faillit même envahir le terrain, voulant s’en prendre aux adversaires des halflings, mais les forces de l’ordre agirent avec promptitude et dressèrent un cordon de sécurité entre les joueurs et le public, évitant ainsi tout risque de débordement.

***

Dans l’antre de l’arène, le long des couloirs sinueux menant aux vestiaires, des cris de rage et des injures se répercutaient contre les parois. Duda ne pouvait calmer sa colère. Pâle comme un macchabé, les tendons du cou tirés au maximum, les muscles du visage crispés, les yeux hagards et les lèvres retroussées, il hurlait en direction de l’arbitre qui tentait de regagner son vestiaire, protégé par une escorte de vigiles patibulaires :

-    It’s a disgrace ! – braillait-il étrangement en albionais, pour une raison connue de lui seul. – It’s a fucking disgrace !

Peter le Bailli s’arrêta soudainement à la porte et se retourna vers l’entraineur halfling, souriant à peines dents, un léger rictus dessiné sur ses lèvres. Il écarta les bras et haussa les épaules dans un geste feignant l’incompréhension et lança à ce dernier sur un ton mielleux, presque affable, tel un professeur s’adressant à un élève un peu trop perturbant :

-    J’vous avais dit de ne pas me faire confiance. Vous auriez dû m’écouter.


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