Osef
Je suis venu, j'ai vu, j'ai manger mes dents....
En reconnaissance sur le terrain, arrivée bien à l'avance par rapport à mon adversaire qui, de peur de m'affronter m'a fait poireauter dans le froid pendant au moins une heure... Voilà qui, pour un début de rencontre s'annonçait bien, j'étais remonté.
Une fois mon adversaire sur place, j'ai pu constater à quel point les ravages de l'alcool avaient fait leurs oeuvres.... sans dec !? Est il encore possible... pour des agents des forces de l'ordres de ne pas se rendre compte de l'état TRES avancé d’ébriété dans lequel se trouvait mon adversaire ? Faut croire que si...
j'amena donc mon piètre adversaire titubant au comptoirs. heu.... sur la table de jeu pour y installer le terrain.
Après la mise en place des équipes il bu sa première bière, fort d'une empathie certaine pour les gens âgés je l'accompagnais, pour le beau jeu.
Il gagne la Fame, le Tos, tous allait donc bien, les relents d'alcool accompagnaient chacuns de ses gargarismes aux relents d'alcool. j'étais remonté !
D'un point de vue stratégique c'était gagné, une évidence, un adversaire sur le déclin, une équipe balourde sans subtilité aucune, couplé à mon sens tactique et mes stratégies éprouvées je ne pouvais en faire qu'une bouchée.
Ce n'est pas son premier jet, accompagné d'une blessure sur mon solitaire qui allait changé mon état d'esprit.
C'est donc au second tour que je lui pris la balle des mains, à 2 cases de sa ligne de TD ( sinon c'est pas drôle ), un magnifique 1D pour le coucher, c'était bien suffisant en fin de compte. Mon danseur, illustre personnage aux finitions divines se portait bien, balle en main, sourire aux lèvres, manié d'une main de maître par.... moi même.
Alors bien sur, il me fallait surveiller mon opposant, et de près. Imaginez qu'il me fasse un coma éthylique durant le match... imaginez moi, appliquant les gestes de premier secours à la hâte, devant les spectateurs charmés par mon charisme, m'applaudissant à chaque battement de paupière, l'effet aurait été certes, pour eux, tous à fait épique. Mais je ne voulais pas reproduire mon quotidien devant la plèbe, ils ne méritaient pas.
3ieme tour donc, à lui de jouer... Forcément, une agression. Les gens violent dans la vie le sont aussi quand ils jouent, c'est vérifié. Mon danseur de guerre se laissa donc marché dessus. Classique.
Et c'est là, dans un élan de générosité pieuse, pleins d'amour pour mon prochain, pleins de sagesse bouddhiste que je décidais... oui, vous avez bien lu, J'ai décidé... de lui laisser sa chance. Vous avez bien lu.
J'ai donc commencé par ne plus jamais attaquer la balle, jamais ! Préférant tomber lors d'esquive à 2+, préférant éloigner mes joueurs les moins précieux pour ne laisser que mes stars au contact. C'est donc en lui laissant marquer le premier TD que je compris que mon adversaire du jour avait trouvé sa muse, cette lueur pétillante dans ses yeux lorsqu'il me regardait ne pouvait pas être que de l'alcool stagnant dans ses veines non.... il y avait plus.
Ayant longtemps été bénévole dans les centres d'alcooliques anonymes j'ai décidé, une fois de plus... d'aider mon prochain.
La seconde mi temps fut consacrée à l'étude de la carte que nous proposait ce lieu magique qu'était la waaag. En effet, je ne jouais que pour le plaisir de mon adversaire. Il fallait le voir rire aux éclats lorsqu'il passait l'armure subtile de mes joueurs, rire aux éclats lorsque je mimais, fort bien d'ailleurs, l'embarras devant un jet raté. Rire aux éclats lorsque je n'étais plus que 3 sur le terrain...
Je vous le dis, amis lecteur, aimer son prochain c'est aussi le comprendre, c'est aussi voir la détresse alcoolique, l'appel au secours d'une âmes errante, c'est comprendre ses gestes passées, comprendre pourquoi la personne vide bière sur bière. Je le savais, il avait besoin de cette victoire pour se raccrocher tant bien que mal à ce petit fil de la vie qu'on appel... le bonheur.
Pour cette fin du match, tel un arc en ciel soulignant un levé de soleil au dessus du taj mahal je félicitais mon adversaire, prodiguant, comme à chaque fois, une tape amicale sur son épaule fragile, lui offrant, par se simple geste la chaleur dont il avait manqué durant sa vie.
Le laissant savourer au bar sa victoire 2 à 0, je partais, sans me retourner, de peur qu'il ne me suive.