Bientôt H-5 Manu !
J6 vs Manu et ses tanks a écritUne odeur rance de sueur lui attaqua les narines dès qu’il rentra dans le vestiaire.
Ça puait la peur, les gars se chiaient dessus. Ce soir ils allaient jouer contre des tueurs.
Scarabée se dit qu’une bonne blague réussirait peut être à détendre l’atmosphère et à redonner un peu de courage à ses joueurs.
« Les gars ! Vous savez ce que ça fait un tueur de troll pour s’essuyer après avoir chié ? »
Ce fût un énorme brouhaha, mais pas celui qu’il avait prévu.
Le bon mot avait fait flop ; La plupart le regardaient avec haine, les autres avec jalousie.
Tous s’époumonaient pour râler, critiquer, remettre en question ses choix tactiques.
« T’as qu’à aller sur le terrain plutôt que de faire des blagues ! »
« Quand on aura besoin d’un ivrogne on t’appellera ! »
« Dis-nous plutôt ce qu’on devra faire quand on se sera pris trois touchdown… Insecte ! »
Bon… ça allait clairement être compliqué de leur faire appliquer le plan de ce soir…
Les laissant encore quelques secondes extérioriser leurs peurs et tout en restant impassible, Scarabee les regarda à tour de rôle dans les yeux.
Son regard s’attarda sur l’ogre. Un des seuls à ne pas parler.
Comme si tout cela l’indifférait, il s’échauffait le bras droit en donnant des coups dans le vide.
Une force de la nature, mais avec toujours un temps de retard dans le regard.
Toutes les finances de l’équipe y étaient passées.
Il avait fallu faire un choix pour ce soir ; Réparer les armures fatiguées des cinq derniers matchs ou renforcer l’équipe avec un costaud au risque d’en perdre quelques-autres.
Scarabée eut un petit rictus mauvais en se disant qu’ils râlaient tous alors qu’ils n’étaient pas au courant de ce petit détail. Les caisses étaient désormais vides.
« Ça suffit les gars ! Va falloir se sortir les doigts maintenant. Ce soir on joue la crème.
Au vu de l’originalité des entraînements du coach adverse, ces connards sont là pour jouer la bash !
Leurs bloqueurs gardent... Leurs culs-nuls châtaignent... et leurs coureurs chattent !
Si vous avez entendu des rumeurs d’une équipe naine qui joue l’esquive, abandonnez tout espoir.
On va faire simple côté tactique… Albert, ça fait deux semaines que je te fais suivre un entraînement de judo, ton boulot est donc clair, on en a déjà parlé »
« Coach, j’ai jamais vraiment… »
« Tu fais ce qu’y a à faire ! » le coupa prestement Scarabée.
Ni lui ni Albert ne savait en effet ce qu’allait donner ce talent de lutteur une fois sur le gazon.
Il fallait cependant qu’Albert s'imagine que le plan était sans faille. Sans confiance, cette nouvelle compétence ne servait plus à rien.
« Vous autres, toi, toi et toi, vous changez de maillots. Si le manu a étudié la feuille de match en face, ça devrait bien l’embrouiller ! »
Les gars se regardèrent, ne comprenant pas trop ce que le coach avait en tête.
« Faites-le ! Je me suis paluché les dix dernières années de jurisprudence de la Lutece.
Cette tricherie ne nécessite aucun pot de vin. »
Alors que les trois intéressés s’exécutaient et échangeaient leurs numéros, on entendait au dehors de plus en plus de tambours.
:jc:
Le public était chaud, et les gradins devaient être en train de se remplir.
Scarabée se demanda quel équipe aurait la faveur de la foule ce soir.
La popularité des nains était grande, mais la plupart de leur fans étaient en ville, enivrés et en train de chercher la bagarre.
Une dernière prière de groupe à Nuffle, et le sifflet se fît entendre ; Il fallait aller sur le terrain.
Tous se dirigèrent vers la porte et s’enfoncèrent dans le tunnel passant sous les gradins et menant à l’extérieur.
Seul Carlos s’attarda. Le receveur était peut-être le plus confiant d'entre tous. S'imaginant certainement fuir très rapidement dès qu'il y aurait du grabuge. Il se rapprocha de Scarabée l'air pensif et il lui demanda :
« J’ai pas trop compris c'te histoire, ça fait quoi un cul-nul pour se torcher ? »
Scarabée lui jeta un regard plein de lassitude. Sa blague n’avait aucun sens. Des gars allaient mourir et il n’y avait rien à y faire.
Tout en sortant du vestiaire d’un air las, il marmonna :
« Ça court dans l’herbe… »