Nabolo
Pour leur J-7, les célèbres Maraboes affrontent les non moins célèbres « Le Nez dans le Gazon ».
Nabolo est soucieux. On l’a désigné comme favori, ce qui n’arrive pas souvent. Il faut donc gagner, pour de vrai, plutôt que juste faire semblant – ce n’est pas vraiment sa spécialité. Aussi songe-t-il à mettre toutes les chances de son côté : il a fait creuser une fosse le long du stade, pour motiver ses joueurs un peu trop confiants ; et il songe à commander des tonneaux de bières extra-fortes dont il a ouï dire que Frakas, le coach adverse, est friand. Mais comment faire avaler le contenu des tonneaux à ce coach plus expérimenté et dont il doit à tout prix obtenir une victoire ? Nabolo opte pour la subtilité : insidieusement, et par courrier, il propose à Frakas s’il souhaite qu’il prépare une collation avant le match… ? La réponse est idéale : « Prévois surtout à boire ! ».
Nabolo ne se le fait pas dire deux fois et court chez le brasseur pour se faire livrer ce qu’il y a de plus fort. Il prend une bière à 8° qu’il dissimule parmi d’autres à 6,6° - toujours craignant d’éventer sa man½uvre. Il n’est pas au bout de ses surprises : juste pour être sûr, Frakas arrive avec ses propres tonneaux de gueuze qu’il fait porter par ses joueurs, dont le regard fourbu en dit long… à moitié à poils, dans le froid, les elfes avancent péniblement par groupes de quatre sous de gigantesques barriques qui sont, elles, emmitouflées dans des sortes de couvertures en laines (!) Pour les garder au froid ? Au chaud ? Ce n’est pas très clair mais Frakas fait péter le bouchon à peine assis sur le banc des entraîneurs, tout en regrettant amèrement que Nabolo refuse toute autre consommation que son ridicule petit jus bio vitaminé. Et le match peut commencer.
Comme d’habitude il y a foule à Sportpark West, des tribunes propres, plaquées argent, bref : ça pue le luxe. Les NdlG n’ont pas l’air habitué. Même le gazon sent le propre (le vrai propre – aucun lien). On patiente encore un peu, attendant de savoir si les M’boes reçoivent où bottent. Il semble que Nabolo ait un différent à ce sujet avec le Capitaine, Rein Godding qui insiste pour qu’on se fie au plan (à savoir défendre en premier lieu) alors que Nabolo, qui a participé le week-end dernier au Dragon Bowl avec une équipe de mercenaires, et soumis à l’influence de coachs plus capés que lui, souhaite que les M’boes cognent d’abord. Mais c’est le capitaine qui l’emporte, et les M’boes reçoivent.
Dès les premières minutes du match, on comprend qu’il ne s’agira pas d’un match comme les autres. Les NdlG font preuve d’une vitesse surhumaine, et même surelfique. Ils ont le goût du risque, c’est peu de le dire, mais le cash que leur ont versé les M’boes en début de match pour compenser leur différence de budget a clairement renforcé la cohésion de l’équipe qui tente l’impossible et le rend possible - certes en termes de cabrioles, mais aussi en termes de baffes : l’intrépide Keljeon n’aime pas les ogres et ça se voit… et même ça se sent du point de vue de Ferry, l’ogre justement, qui en prend plein la tronche tandis que ses coéquipiers peinent à faire tomber les Elfes qui marquent rapidement. NdlG : 1 ; Maraboes : 0.
Bon. Ce n’est rien, hurle Nabolo à ses joueurs qui ont le reste de la mi-temps pour égaliser, et la deuxième mi-temps pour marquer. On s’achemine vers un 2-1, si tout se passe bien ! Mais les M’boes ne font guère plus de ravage en recevant. Si les Elfes tombent, c’est sans mal. Par contre Ferry se reprend beigne sur beigne, jusqu’à se faire achever par les Elfes hypocrites : ils se confondent en excuses tout en le piétinant au visage ! L’ogre sort et ne reviendra pas, méchamment blessé. Les M’boes sont à la peine : il y a des Elfes partout qui tapent comme des brutes ! Deux Maraboes s’effondrent, l’armure défoncée. Ils n’ont plus ni mobilité ni force… à moins de prendre des risques ce que Nabolo redoute beaucoup. Tant bien que mal, ils parviennent à sécuriser une place à portée de TD au centre du terrain, mais ce ne sera pas sans une transmission qui manque à peine d'échouer…
NdlG : 1 ; Maraboes : 1.
La deuxième mi-temps ne s’annonce pas meilleure car les NdlG jouent toujours à 11… C’est l’heure pour Nabolo de sortir son plus grand speech, dans le secret des vestiaires, et dont nous ne connaîtrons jamais le contenu, pas plus que le contenu de cette petite fiole violette qu’il a insidieusement (again !) versé dans la boisson de ses joueurs. Revenus sur le terrain, enfin, les Maraboes ouvrent la "bwatabaf"… Pour ne pas dire qu’ils se transforment en tueurs assoiffés de sang. Exactement ce que Nabolo attendait d’eux, il y a 40 minutes. Mais mieux vaut tard que jamais. Hein surtout, va faire un carton, tuant net deux de ses cibles sur plaquage, et en sortant définitivement encore deux autres. Rein aussi va tuer : le lanceur, qui reviendra d’entre les morts grâce à quelque breuvage suspect. Dans ces conditions, les M’boes marquent rapidement pour bénéficier de l’avantage numérique et accomplir, peut-être, le match dont leur coach rêve et qui leur permettra de rester au niveau de la compétition ! NdlG : 1 ; Maraboes : 2.
Frakas est plaintif, ça fait beaucoup (trop) de morts tout ça. Même s’il est content de repartir les poches pleines de pognon – ce dont il a déjà l’assurance. Il veut tenter un TD éclair sur le côté droit… ses Elfes libèrent un couloir mais oublient de protéger le porteur qui est à portée (d’où le nom) d’une attaque sournoise des Maraboes. Il faut mettre le paquet mais c’est faisable ! Les frères Oordt s’élancent en même temps : Rémy au soutien, Edje au plaquage. La balle tombe au sol et Arian récupère le ballon… Arian. Enfin. L’auteur du premier TD des M’boes brille pour la première fois depuis le début du championnat. Sans doute parce que Nabolo à recruté Tobi Fisher, le lanceur, mais plus sûrement un autre Receveur, Jérôme Roustan. Or les deux receveurs, quoique très complices, sont entrés en concurrence dès les premiers entraînements. Tant mieux : Arian déploie désormais son potentiel : il remet la balle à Gabby qui s’était positionné à distance de TD et qui, au bout d’une course folle, inscrit le quatrième Touch Down du match : NdlG : 1 Maraboes : 3.
Frakas n’abandonne pas. Enfin oui et non. Il n’était pas venu avec une très forte intention de gagner… Pourtant, la réussite de ses joueurs en première mi-temps aurait pu lui donner la victoire. Son objectif désormais avoué et de sauver la vie de ses homm… de ses elfes. Il ne cesse d’ailleurs de le leur crier depuis le banc de touche où les tonnelles et barriques disposées alentours sonnent creux : « SOYEZ PRUDENTS !! ». Et la prudence, pour un elfe, c’est de marquer vite.
Les Maraboes n’y voient pas d’inconvénient : ils se positionnent pour tenter une récupération de balle mais ne cherchent pas à empêcher les NdlG de passer à tout prix… La récupération étant impossible, et le couloir étant libre, les Elfes inscrivent un nouveau TD. NdlG : 2 Maraboes : 3
Il reste encore du temps dans ce match qui tourne clairement à l’avantage des Maraboes. « Clairement » c’est le mot qui vient en tête puisque les Elfes ne sont plus que trois sur le terrain… ou sept, si l’on compte les quatre titulaires qui se cachent dans le coin au fond à gauche, le plus au bord de la pelouse possible tout en restant hors de portée des bras tendus (et griffus) du public qui cherche à les attraper. Un coup de pied catastrophique (ou volontaire?) envoie la balle en touche. Edje reçoit le ballon qu’il emmène tranquillement vers le Touch Do… Non ?! A cet instant précis les fuyards se rapprochent des Maraboes qui ne seraient pas allés les chercher ! Et s’ils ne peuvent empêcher le TD, ils se prennent au passage quelques claques qui doivent leur faire regretter le sort infligé à Ferry en première mi-temps. NdlG : 2 Maraboes : 4.
On arrive à la fin de ce match haut en couleurs (rouges), mais les Elfes ont encore une chance de marquer, ce sera sans doute trop juste pour les Maraboes qui eux se concentrent sur la défense : ils couchent un receveur elfique et encerclent le second, le seul désormais en position de marquer – ils s’empilent à quatre dessus ! Ça n’empêchera pas Pergolor Umberos, le blitzeur qui a déjà accompli deux magnifiques passes, de terminer le match par une troisième ! Laquelle est récupérée par Leoxidor qui, se faufilant jusqu’au receveur pourtant cerné, lui colle le ballon dans les bras à travers les armures ! Fabuleusement, il glisse alors entre les doigts de ses assaillants pour inscrire, pas le premier, ni le second, ni le troisième, ni le quatrième, ni le cinquième, ni le sixiè… BREF : le septième TD de la rencontre !!! La foule est en délire ; l’arbitre siffle la fin du match… que les coachs refont. NdlG : 3 Maraboes : 4.
Saluons au passage l'incroyable travail des pom-pom girls elfiques qui ont attiré pas moins de trois bénédictions de Nuflle sur leur équipe-aimée-des-Dieux, mais pas des hommes, ou en tous cas pas de ceux-là - du moins pendant les 80 minutes qu'aura duré la rencontre.
Arian est élu joueur du match avec deux TD marqués et une récupération de balle suivie d’une transmission menant à TD... c’est amplement mérité, même si Nabolo aurait souhaité que la récompense aille à quelqu’un d’autre dont le moral aurait mieux mérité d’être relevé. L’Elfe du match, par contre, est un journalier… Et Frakas s’en mord les lèvres. Mais lorsque Nabolo lui refile sa part des recettes, ça va déjà beaucoup mieux : il n’a jamais été aussi riche ! C’est aussi ça, jouer contre les Maraboes, l’équipe la plus populaire que le vieux monde ait connue.
Tellement populaire que son coach se demande que faire avec tout ce pognon, en préparation du prochain match contre les hommes-lézards de Yaouch. Bwarf… Ayez confiance, il va bien finir par trouver, et en attendant, criez : MA-RA-BOES !!!