Nabolo
Hier soir les célèbres Maraboes affrontaient les Orcs du coach SSB, dits : « Les yeux crevés ».
Dans la charrette qui amène l’équipe au stade adverse, les joueurs rigolent : « Haha, on va jouer contre des aveugles ! ». Mais une fois arrivé, personne ne rigole plus, en réinterprétant le nom de l’équipe orque par l’autre bout, celui qui correspond à l’allure du stade… une gigantesque tour délabrée où SSB reçoit les Maraboes en compagnie de deux amis guerriers. Ils ont passé la journée à taper dans des murs pour « construire » le stade. Tellement orc.
Inutile d’essayer de leur expliquer que c’est pas comme ça qu’on fait, Nabolo n’est pas venu pour ça, d’autant qu’il n’est pas surpris devant l’aspect du stade où il a déjà infligé une défaite (1-1) à SSB en coachant les Inguiz Titi de Bosk lors d’un mercenariat de début de saison toujours pas rémunéré (Bosk rend l’argent !!!). Il envoie donc ses joueurs dans les vestiaires, pour taper la discute avec SSB, un vrai compétiteur, un passionné, dont l’âpreté à la victoire donne toute sa saveur au Blood Bowl. Nabolo est du même bois, lequel se manifeste avant le début de partie : lorsque les joueurs se retrouvent sur la pelouse et qu’on commence à discuter maillots. Une séquence à mourir de rire pour toute personne qui ne connaît pas les enjeux du match, et qui se contenterait d’observer les deux coachs rapiéçant, repeignant et recollant des trucs et des machins de couleurs sur les maillots des adversaires sous prétexte que les numéros se distinguent mal. La plupart des joueurs finissent sous un patchwork de loques multicolores où on ne reconnaît plus personne mais les deux pinailleurs sont satisfaits ! Rappelons qu’au Blood Bowl c’est le coach qui décide, de toutes façons, et les joueurs n’ont pas leur mot à dire.
…sauf lorsqu’ils sont en vacances. Et clairement, les Maraboes ont abusé de ces dernières. Peu entraînés, pas concentrés, ils ont un peu la confiance. Ne doutant pas que ce qu’ont fait les Inguiz Titi, ils vont pouvoir le faire aussi… Mais… le match commence : engagement. Les Orcs prennent le ballon. Ils cognent. Ils avancent. Ils cognent. Ils cognent. Ils avancent. Les M’boes voient mille chandelles et sortent les uns après les autres.
- Tu vois je t’avais dit, fait remarquer SSB, amicalement. Tu es passé à côté du jeu orc la dernière fois, c’était plutôt chanceux…
Et il le dit sans crâner. Juste factuel. Juste c’est comme ça que c’est normal en fait. Et il n’a pas besoin de crâner car ses joueurs crânent pour lui, ou du moins cognent les crânes pour lui : sortant un quatrième Maraboes en quelques tours.
La vision du monde de Nabolo chancelle… Les vacances ont été trop longue pour lui aussi.
- Alors c’est ça, un match « normal » contre des Orcs… ?
Il ne peut pas, il ne veut pas croire à cette normalité. Dans le stade qu’ont boudé les spectateurs du dimanche, les abonnés, tout de même nombreux, scandent : « HIN ! HIN ! HIN ! HIN ! ».
- Qu’est-ce qu’ils disent ? s’enquiert Nabolo auprès de SSB
- Ils commentent les actions de tes joueurs, renseigne SSB.
Et effectivement, sur le terrain, à chaque fois qu’un Maraboes tente quelque chose et qu’il le rate – c’est-à-dire à chaque fois – le public crie « HIN ! ». Et on entend beaucoup de HIN.
Déjà qu’à 11 contre 11 ça ne s’annonçait pas facile… à 7 contre 11 ça s’avère impossible.
Les Mboes se font éclater, au propre comme au figuré… individuellement, comme collectivement. Le porteur de balle orc trottine sans pression vers la ligne d’en-but, tandis que ses coéquipiers sont amassés autour des joueurs humains tapis dans l’herbe… ou plus exactement : « qui tapissent l’herbe ». Deux joueurs debout : un blitzer (non identifiable sous son maillot patchwork) et l’ogre, s’enfuient comme des lâches de l’autre côté du terrain. HIN ! HIN ! HIN ! Nabolo se tape la tête contre les murs et là… c’est le drame. BAM ! Il tape un peu trop fort. Lorsqu’il se réveille quelques heures plus tard, il croit d’abord que son K.O. n’a duré qu’une seconde, tant la scène qu’il a sous les yeux ressemble à celle qu’il a quittée au moment de perdre conscience… son regard vaseux tangue et se balance…vers le sablier…
- Mais ?! On est en fin de deuxième mi-temps ?!
…vers l’ogre qui s’enfuit…
- Mais ?! Il porte le ballon ?!!!
…vers le score, enfin…
- Mais ?! Il y a 2-1 pour nous ?!
L’arbitre siffle la fin du match avant que Ferry Ratering, l’ogre, ne parviennent à marque un troisième TD (il atteint à peine la moitié du terrain). Les Maraboes ont… gagné. Pour de vrai. Comment ? Pourquoi ? C’est ahurissant et inexplicable. Nabolo ne saurait le dire, les joueurs le lui raconteront pêle-mêle sur le chemin du retour : l’envol de Marteen ; les orcs à terre ; la percée collective ; l’erreur de jugement ; Jérôme poussé dans l’enbut ; la percée orque ; la GROSSMELEE ; la récupération de Ferry… eux-mêmes sont dans le doute de ce qu’ils viennent d’accomplir (mais peuvent-il seulement s’en réclamer ?). 2-1. Et pas un blessé… Ah si : un gob, que Rémy a « bousculé ». Le tout en faisant EXACTEMENT ce qu’il ne fallait pas faire : accepter le combat au corps-à-corps.
La tour de SSB s’éloigne dans le lointain… (c’est une figure de style : en vrai c’est la charrette qui s’éloigne) Nabolo a une pensé pour ce coach, le premier qu’il ait jamais affronté, et qui l’avait alors battu 2-1. Ils sont quittes cette fois. SSB a été exemplaire de cordialité et de dignité, un grand coach, qu’il ne faudra pas recroiser en phases finales avant une sérieuse mise au point. D’ici là, les M’boes se réjouissent simplement d’en prendre trois.
Jusqu’à la prochaine fois ! MA-RA-BOES !!!!