Y’a des soirs comme ça, qui vous font relativiser les choses.
Y’a des matchs comme ça, où vous vous dites que ça pourrait être difficilement pire.
Y’a des parties comme ça qui vous entrainent à garder votre sang-froid.
C’est fut précisément un soir, un match, une partie de la sorte pour les Unicorns et moi, vendredi dernier.
Pourtant, rien ne laisser présager le drame qui allait survenir sur la pelouse. La soirée s’annonçait belle, l’ambiance à la Revanche était cosy et mon toujours élégant adversaire ne m’en voulait même pas d’avoir pris du retard à cause d’un dossier à finaliser avant le week-end.
Certes, nous nous attendions à un match âpre et rugueux. Certes, nous avions face à nous une équipe naine du chaos fortement éprouvée lors de la 2e journée et avide de se racheter. Certes, j’avais en face de moi un coach qui souhaitait se venger de la défaite subie l’année dernière face à moi, défaite qui le privait de l’accès aux Play-offs. Je savais tout cela, mes joueurs également, et nous demeurions alertes et méfiants des coups bas que pourraient nous sortir les Mecanic Moustic et leur coach, prenant notamment en compte les 225.000 pièces d’or que les instances officielles leur accordaient en primes de match.
Je restais donc confiant même lorsque Baba Yara m’annonça qu’il recrutait, pour notre rencontre, la star skaven
Hakflem Pointu, vedette bien connue des terrains lutéciens, et souvent employée de bon aloi par les entraineurs les plus reprouvés de notre ligue.
A vrai dire, ce choix me rassurait plutôt, tant je souhaitais surtout que Baba Yara et ses joueurs rangeassent leurs poings, pieds et sabots aux vestiaires et limitent la casse de mes joueurs. Avec Hakfelm, Baba Yara allait quand même jouer la balle et cela me satisfaisait.
Je ne pouvais pas deviner ce qui allait advenir… Crédule que j’étais…
L’entame du match fut très prometteuse pour moi. Trop peut-être. Alors que Baba Yara décidait d’attaquer, et qu’il fit peu de dommage sur la ligne de scrimmage, son unique Centaure-taureau ratait le ramassage du ballon (tombé sur son aile gauche, vers le milieu de sa moitié de terrain). Les Unicorn Rumble se ruèrent vers l’avant et un de mes trois-quart se mit en évidence en
blessant (légèrement) un hobgobelin.
Baba Yara pestait alors que j’infiltrais pas moins de 5 joueurs dans la moitié de terrain des nains du chaos. Sentant le contre rapide venir, mon adversaire n’eut d’autre choix que de replier la star Hakfelm, qui dut revenir en catastrophe en défense pour se saisir du ballon. Il repositionna sa défense tant bien que mal, alors que son équipe était
coupée en deux pas une belle ligne offensive elfe.
Qui plus est, ses malheurs ne s’arrêtèrent pas là. En effet, mon autre blitzeur, arracheur de ballon celui-là, vit un petit trou dans la défense naine du chaos. Il s’élança vers la star skaven et après avoir esquivé les sabots du Centaure-taureau par trois fois (3+, 3+ ,2+ pour une relance consommée), il frappa Hakflem Pointu et le mit hors d’état de nuire (Both Down) tout en le
blessant gravement !
Après quelques instants d’hésitations sur les règles de jeu, et sans trouver de réponse à la question fatidique consistant à savoir si l’on pouvait
utiliser un apothicaire sur une star, je laissais à Baba Yara la possibilité d’actionner son soigneur. Mais celui-ci ne put faire grand-chose sur la vedette Skaven, qui était éliminée pour le restant de la rencontre (9 transformé en 8 par l’apo).
Baba Yara jurait tel un cordonnier ivre alors que moi, je jubilais. Même pas intérieurement. Je rayonnais. Littéralement. 😃
A cet instant-là, je ne pouvais toujours pas savoir. Idiot que j’étais…
Car effectivement, le scénario se déroulait merveilleusement bien pour moi, avec le ballon au sol dans le camp nain du chaos, deux joueurs en moins dans les rangs ennemis (dont la fameuse star), des elfes infiltrés un peu partout et un adversaire qui perdait ses nerfs et qui semblait au fond du trou.
Tellement au fond du trou qu’il décida de ramasser la balle (sur un 4+ car celle-ci était tombée aux pieds de mon blitzer), action qu’il réussit, mais il décida de ne pas faire esquiver ce nouveau porteur du ballon qui du coup, resta
collé à mon blitzer arracheur de ballons ! Il a tout de même profité de la cohue pour faire appuyer son habgobelin par un nain garde plus qu’utile.
Le début du drame était imminent, mais je n’en étais toujours pas conscient. Naïf que j’étais…
Plusieurs solutions s’offraient à moi pour tenter de récupérer la balle. Mais la plus évidente me paraissait celle de frapper le hobgobelin qui tenait le ballon avec mon blitzer, même s’il s’agissait d’un fameux blocage à deux dés contre. Les autres alternatives impliquaient nécessairement au moins une esquive à 4+ et un blocage à un dé, ou alors un repositionnement total, mais qui libérait de la place à Baba Yara de solidifier sa défense.
Je choisis la première option, celle-ci me paraissant la moins risquée. Il fallait juste de pas faire de CRANE avec deux dés et le ballon était à moi, ou presque à moi. Il était au sol en tout cas, avec plusieurs des Unicorns qui se tenaient prêts à le récupérer immédiatement.
Mon blitzer s’activa donc et se prit une mandale monumentale par le hobgobelin, soutenu par son garde nain du chaos (
CRANE+FLECHE, relance CRANE+POW).
Fallait juste ne pas faire de CRANE avec 2 dés. Fallait pas…
Le blitzer s’éffondra pour en jamais se relever, sa boite crânienne totalement enfoncée des deux côtés par les poings gantés de fer de ses deux bourreaux. L’intervention rapide de mon apothicaire ne changea rien à la donne, tant les dégâts semblaient irréversibles sur le cortex de mon joueur (
15 relance apo 15…).
Baba Yara s’excusait mais son visage s’illuminait tout à coup. Il allait carrément étinceler quelques secondes à peine après ce coup du sort, lorsqu’un ses nains du chaos s’élancèrent à l’attaque. Un de ses bloqueurs nains blitza mon second blitzer, qu’il tua également sur le coup (
POW, suivi d’un 9 sur l’armure, 10 sur la blessure et
15 sur le d16…).
Nous étions au Tour 6 et je venais de voir mourir deux de mes blitzers sur deux actions successives. 270.000 pièces d’or de joueurs envolées en quelques instants à peine.
Je restais interdit. Rien, absolument rien ne m’avait préparé à un tel revirement de situation.
Tout à coup, le match changeait de paradigme, avec Baba Yara qui se sentait pousser des ailes, alors que de mon côté, je demeurais stoïque et ébahi par la tournure des événements. Je ne pestais même pas, tant la situation me paraissait cocasse.
Tout en s’excusant des dommages causés, Baba Yara enfonçait naturellement le clou en me
blessant (légèrement cette fois) un trois-quart et lançait son équipe à toute vitesse vers mon camp. Bien que j’eus essayé de repositionner mes joueurs en défense, je ne pus bloquer l’avancée de la cage hobgobo-naine, et
Baba Yara marquait au Tour 8, après m’être mis deux autres joueurs KO.
A 6 joueurs sur la pelouse (les KO refusant de rentrer), le One-turn était impossible pour les Elfes. La seconde mi-temps démarrait donc comme un film d’horreur muet pour moi, alors que nous nous retrouvions à 7 Elfes (un seul KO revint) face à un effectif complet d’adversaires. La situation semblait très compliquée, mais pas totalement désespérée cependant, car même en infériorité numérique, je pensais pouvoir à tout le moins égaliser.
Fou que j’étais…
En effet, bien que je repositionnasse mes joueurs profondément dans ma défense, en tenant d’attirer le plus d’adversaires dans mon camp pour mieux les contrer, et que mon lanceur et mon receveur se mettaient à jouer à « passe-le-ballon », Baba Yara me fit rapidement abandonner tout espoir de réussite dans un match qui virait rapidement à la correction.
Ainsi, en deux tours à peine, il envoya KO un de mes trois-quarts, mais surtout son Centaure-taureau réussit à blitzer mon receveur, dont la clavicule explosa sous les coups de sabot de la chaotique créature (
-1FOR). La carrière de bloodbowleur de mon receveur s’arrêtait net et Unicorn se retrouvaient à 5 sur le terrain, cernés par deux lignes de défense naine, profondément enfoncée dans ma moitié de terrain.
Je ne me décourageais pas pour autant et allais tenter, et réussir, une action qui laissa mon adversaire pantois et ahuri, et qui aurait pu inverser le cours du match.
Après avoir ouvert une petite brèche, j’infiltrai un de mes trois-quart légèrement dans le camp nain, puis me décidai à réaliser une
passe dans le vide. Mon lanceur star traversa les deux lignes de défense naine et lança la balle le plus loin dans le camp adverse. L’action réussit alors que les nains se retrouvaient totalement pris au dépourvu et dépassés par les évènements.
Mon adversaire avouait qu’il ne s’attendait pas du tout à une telle action, qu’il aurait dû laisser un joueur en défense (tu m’étonnes). Quant à moi, je souriais. Intérieurement, mais je souriais, malgré le gros pansement que s’était matérialisé sur mon fondement).
Mais il était dit que les dieux du Blood Bowl n’allaient pas me permettre d’égaliser. Baba Yara faisait
revenir ses joueurs en catastrophe dans son camp, alors que mon trois-quart isolé récupérait tranquillement le ballon et se positionnait à quelques encablures à peine de la zone d’en-but.
C’est alors que Baba Yara sortit l’action de classe. Son unique Centaure-taureau (toujours lui), se rua sur mon joueur, et après trois sprints, percuta ce dernier en le faisant tomber au sol (
FLECHE/FLECHE relance FLECHE/POW), et se permit même le luxe de récupérer le ballon.
Pas déstabilisé du tout par ce nouveau coup du sort, je levai mon trois-quart et décidai de blitzer le Centaure-taureau avec mon lanceur-bloqueur. Après deux sprints, le lanceur se jeta sur le bestiau adverse et s’écroula au sol suite à un coup de sabot savamment placé par ce dernier (
CRANE).
Je m’autorisai un petit sifflement de dépit. Un seul sur tout le match.
La contre-attaque naine du chaos était lancée. Je tentai tout de même une nouvelle action de classe, un dernier baroud d’honneur et je blitzais le centaure-taureau avec un autre trois-quart elfe. Ce dernier rentra dans la cage formée par les bloqueurs nains (4+) et malgré la différence de force réussit à faire chuter le Centaure (deux dés contre !
POW/BOTHDOWN). Le téméraire elfe le paya toutefois chèrement car il fut blessé dans l’action et allait rater la prochaine rencontre des Unicorn.
Il me restait 3 joueurs sur la pelouse.
De son côté, il restait à Baba Yara de ramasser le ballon et de
scorer aisément un deuxième touchdown dans les derniers instants du match.
Et voilà le récit d’un match cauchemardesque, auquel je ne m’attendais pas. La perte de mes trois positionnels expérimentés fait très mal. 390.000 points de joueurs de perdu et un effectif à reconstruire presque depuis le départ, alors que nous sommes déjà à la 3e journée, c’est un coup du sort qu’il sera presque impossible à réparer.
Je ne pense pas avoir fait des erreurs grossières sur ce match. J’ai évité le combat au mieux que je pouvais. Toutes les sorties faites par Baba Yara l’ont été sur des blitz de sa part, mis à part une évidemment. Le blocage à deux dés contre sur le hobgobelin porteur du ballon était un risque mesuré. Il fallait juste éviter le CRANE sur 2 dés et le ballon était à moi. Je n’ai pas pu l’éviter cependant.
En début de saison, je me plaçai parmi les interrogations. Désormais, j’ai ma réponse. Ça va être une saison galère !
Place désormais aux Orques noirs de Léguman. Un match où la solidité de mes joueurs sera de nouveau mise à l’épreuve. Mais la rencontre s’annonce encore plus rude que face à Baba Yara, tant mon effectif est décimé et tant je manque de positionnels. Nous allons manifestement appliquer un jeu prudent et surtout nous efforcer à éviter le combat. La question est de savoir si nous pourrons éviter les crampons des gobelins adverses !