Il commençait pourtant plutôt bien ce deuxième DST. D’abord, les Orcs, j’avais révisé pendant le week-end avec M. Cosius, mon prof particulier. Ensuite, le prof qui faisait passer l’éval, M. Melphios avait l’air vraiment cool : non seulement il était venu avec Mme Melphios et du coup c’était plus familial et donc moins stressant mais en plus, il ressemblait tellement à Alan Moore, que je lui aurais presque demandé de me dédicacer mon exemplaire de Watchmen !
J’ai gagné le toss et j’ai choisi de défendre, vu qu’il pleuvait et que j’espérais voir les Orcs galérer pour ramasser. J’ai botté dans le fond et son Blitzer a pu gratter une case vers la balle grâce à l’événement Surprise. J’espérais Blitz mais à la place j’ai eu un ⅑ d’un Big ’Un de M. Melphios, enfin de Mme Melphios, qu’il n’a pas relancé. Sur mon tour 1 j’ai couché un autre Big ’Un et deux mes Blitzers se sont engagés au milieu de la moitié adverse du terrain pendant qu’un TQ faisait le tour. Rien de fifou, mais suffisamment pour mettre la pression, surtout avec un ramassage à 4+. C’est là que j’ai compris que Mme Melphios n’était pas juste venue pour mettre une ambiance familiale, mais surtout pour rouler des 5 et des 6 : le blitzer a ramassé du premier coup et s’est avancé vers l’aile droite tandis que les Big’Uns cernaient mes blitzers. Mes elfes ont d’abord tenu le choc si bien que M. Melphios n’a pas réussi à libérer assez d’Orcs pour fermer la cage autour de son porteur : moyennant deux esquives 2+ j’avais 2 dés avec blocage sur la balle. Je me voyais déjà annoncer à mes parents que j’avais eu 2-0 en Orcs : avec cette pluie et aucun Orc de libre pour m’arrêter, faire tomber c’était gagner.
Avant de continuer il faut que je vous explique un truc à propos de la Lutèce : la Lutèce, c’est pas juste l’école publique du quartier qui accueille tous les coachs du secteur. La Lutèce, c’est du privé sous contrat. Ça veut d’abord dire que la Lutèce, c’est payant. Bon, en vrai une année à la Lutèce, c’est 200 fois moins cher qu’une année à Stanislas, hein. Du coup quand les intendants des autres établissements privés ils tapent dans la caisse, c’est pour se payer une Audi voir une maison à l’Île de Ré : à la Lutèce, M. Le Propre il fait juste ça pour se payer des vinyles d’Imagine Dragons. Mais surtout, ça veut aussi dire que la Lutèce, c’est pas laïc : à la Lutèce, on croit en dieu. Mais attention, pas n’importe quel dieu : pas un dieu qui te fait gratter des cadeaux à l’anniversaire de son fils, ou qui te laisse manger des gâteaux au miel toute la nuit si tu t’es retenu dans la journée. Non, le dieu de la Lutèce, c’est un ouf, un psychopathe, un gros gue-din ! Il s’appelle Nuffle, et son kiffe, c’est juste de te faire les pires crasses quand tu t’y attends le moins…
Du coup, j’ai réussi le 2+ pour amener mon soutien, j’ai déclaré le Blitz, et mon blitzer a fait un relance un sur son esquive. Et ça là que j’ai capté le bail : sous leurs airs de couple affable et avenant, M. et Mme Melphios étaient en fait d’immondes adorateurs de Nuffle et les dés allaient s’acharner contre moi tout le match. Et en effet, ça n’a pas raté : durant les tours suivants, Mme Melphios me sortira deux Blitzers : un MA et une réduction de carac’ - CP heureusement. De mon côté, mes esquives 2+ passent aussi facilement que des 4+. Au tour 7, ma Furie à poil tentera désespérément un Blitz à un dé sur le porteur, sans relance : les deux au sol : 0-1.
Rien à signaler sur mon tour 8, à part une Réu pour un TQ, encouragée par M. Melphios.
A la mi-temps, seul face au miroir des toilettes de la Revanche, je me prépare à annoncer à mes parents que j’arrête la Lutèce, que si M. Duda me fait le coup de l’obligation de scolarité jusqu’à 50 ans, je lui dirai que je ferai juste acte de présence jusqu’à mon anniv en février et après basta, vamos…
Tour 9 : j’écarte trois TQ sur la LOS et j’espace mes autres joueurs au cas où Mme Melphios tire Blitz. La météo change, Clément, je blitze un Big ’Un et le couche, ma furie ramasse et mes TQ esquivent sans trop de difficultés. Sur mon tour 10, j’envisage de passer en force sur l’aile droite pour marquer vite, avant de me faire totalement étouffer vu qu’on est à 8 sur le terrain contre 11 orcs : M. Melphios me regarde compter les cases et le demande si je compte griller toutes mes relances en un tour. Derrière son épaule, Nuffle m’adresse un sourire carnassier. Du coup, je repense aux conseils de M. Laerthis, mon prof préféré qui a battu les Orcs de M. Galadjinn l’an dernier en mercenarisant mon équipe et je lance l’opération essuie-glace. Je tiens plusieurs tours en réussissant à protéger et le ballon et mon unique Blitzer, mais sans progresser, les Orcs prenant soin de ne pas me laisser d’ouverture. Nuffle doit regarder ailleurs, parce que je foire moins d’esquive et que les dés de Mme Melphios sont moins on fire qu’en première mi-temps. Arrive mon tour 15 et mon équipe est coincée sur le flanc droit au milieu du terrain. C’est le moment ou jamais, “In elf bullshit we trust” : avec un enjambement, deux esquives et plusieurs paquets, ma Furie pourrais hypothétiquement arriver jusqu’à la zone d’en-but adverse. A condition de survivre à un très probable Blitz à dés entre temps. C’est pas fifou, mais c’est tout ce que j’ai en stock. Le prix à payer n’est pas anodin, puisqu’il me faut coller un maximum d’Orcs pour protéger la Furie et donc exposer deux de mes joueurs à des sorties public et d’autres à des blocages deux dés. Sans compter, le risque d’une chute fatale pour ma Furie, sans apo derrière pour la couvrir… Mais bon, vu que je vais bientôt arrêter l’école, YOLO.
L’ enjambement passe, ainsi que les deux esquives, et même un paquet : ma Furie a traversé. Sur son tour 15, M. Melphios commence par la marquer, puis par faire le ménage parmi mes elfes avant d’annoncer le Blitz décisif. Et c’est là que l’expression “Nuffle prend, Nuffle rend” prend tout son sens : Un Big ’Un fait les deux au sol, crâne relance les deux au sol, crâne. Tour 16, ma Furie esquive, paquet, paquet et TD. Tout compte fait, je vais peut-être rester un peu plus longtemps à la Lutèce.
M. Melphios n’a pas dit sondernier mot : il lui reste effectivement la carte one-turn à jouer. Sur son tour 16, je botte pas très loin du Blitzer qui ramasse, réussit son paquet et transmet au Gob qui réceptionne. Le Troll ne le mange pas mais fait un 1 sur le lancer, avant de rater son jet solitaire.
1-1.
Une fois de plus, j’ai juste la moyenne. J’ai eu chaud mais pas de quoi pavoiser non plus : c’est pas avec ça que M. Duda et M. Milka vont me donner les compliments ou encore moins les félicitations à la fin du premier trimestre. Et avec deux blitzers en moins, ma prochaine éval en Norse risque paradoxalement d’être très chaude. Mais au moins ma Furie a blocage, et j’ai un Apo maintenant…
Quand même, elle est cool cette école : j’ai passé une super soirée avec M. et Mme Melphios et en plus, je suis reparti avec une fig offerte par mon adversaire 🙂